Ardalén
Série: Ardalén, Vent de mémoires.
Auteurs: Miguelanxo Prado
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Histoire:
Sabela a l'impression de perdre ce qui reste de sa vie. Non seulement, elle a perdu son travail, mais elle vient de se séparer de son mari. Cette fois, elle est bien décidée à reprendre les choses en main et de retrouver son passé. A partir de photos et lettres trouvées dans un coffret en laiton reçu de sa tante, elle décide d'aller à la recherche d'informations sur son grand-père, Francisco Lamas, ou d'un ami de la famille qui l'aurait connu. Elle commence par suivre sa trace dans son village des montagnes de Galice. Interrogeant les habitants pour savoir si quelqu'un connaît un villageois qui aurait parcouru les océans et voyagé jusqu'en Amérique du Sud ou à Cuba avec son grand-père, on lui indique la maison de Fidel, tout au bout du village. Tout va très vite, une sorte de complicité s'installe rapidement entre Sabela et Fidel dont la mémoire lui pose quelques problèmes. Sabela décide de rester plus longtemps espérant qu’il retrouve assez vite la mémoire au sujet de son grand-père mais au fil de ses rencontres et conversations avec lui, Sabela se demande si Fidel a encore toute sa tête et si ses souvenirs pourront l'aider. En effet, l'homme paraît vivre dans son propre monde, entouré de baleines jaillissant de l'orée du bois poussées par Ardalén, ce vent du sud-ouest qui souffle de la mer. Il vit surtout dans le souvenir de Ramon qui l'aurait sauvé de plusieurs naufrages, de Rosalia son ex-fiancée qui l'appelle Tonio et d'une fée écoutant le chant des baleines à ses côtés. Fidel a-t-il encore conscience de ce qu'il vit réellement et tous ces souvenirs sont-ils vraiment les siens ? Sa mémoire lui joue-t-elle des tours ? Ce monde est-il le fruit de son imagination, de sa folie, de sa mémoire ou a-t-il un rapport quelconque avec Ardalén ?
Mon avis:
Après avoir passé quatre années sur De Profundis, son premier long métrage et trois autres années consacrées uniquement à cet album, Miguelanxo Prado (Trait de craie, Chienne de vie, Chroniques absurdes, La demeure des Gomez) nous revient pour notre plus grand plaisir avec Ardalén, un récit dans lequel il nous ouvre les portes de son univers bien à lui, mêlant beauté, imaginaire, poésie mais aussi dure réalité en abordant les problèmes de la mémoire humaine. Au fur et à mesure qu'on se laisse porter par l'histoire, outre le plaisir des yeux on a envie d'entrer plus intensément dans l'imaginaire et le fantastique de Miguelanxo ou devrais-je plutôt dire de Fidel, mais aussi de retenir Sabela afin qu'elle puisse continuer de partager ces moments surréalistes avec lui.
Les dessins de Prado sont extraordinaires, les visages expressifs à souhait, les paysages de montagne et les villages de Galice magnifiquement rendus grâce à une utilisation exceptionnelle de la peinture acrylique. Les personnages nous paraissent vivants tant ils sont beaux et naturels. Chaque caractère, chaque émotion, chaque personnage a son importance.
Au final, Prado réussit à nous convaincre que son monde si émouvant et poétique semble exister et être bien réel créant une forme de complicité entre le lecteur et ses personnages. L'album est prenant de bout en bout tout au long d'un récit intelligent et réellement de toute beauté.
A recommander vivement.
Blackbolt