Série: Les chemins de la gloire
Auteurs: Jan Bucquoy, Daniel Hulet
Editeur BD: Glenat
Une chronique BD: Génération BD
Les chemins de la gloire racontent la vie d’un jeune fils d’ouvrier, Raymond Lecluse, qui aspire à une vie meilleure.
A peine rentré d’un service militaire passé dans les tranchées de la ligne Maginot, dans les années trentes, Raymond a déjà un lourd boulet derrière lui : le décès d’un gendarme qu’il a renversé lors d’une manifestation ouvrière protestant contre l’exploitation des patrons. Malgré les craintes de poursuites en justice, c’est la tête pleine d’ambitions et de projets qu’il gagne Paris.
Grâce à son ami Guyaux, Raymond va découvrir la vie mondaine de Paris mais il pourra aussi développer son talent de boxeur, devenant même champion de France. Lecluse initiera également une relation avec une jeune femme aspirant à développer sa carrière d’actrice dans la capitale.
Mais le passé de Raymond va la rattraper et pour éviter la prison, il n’aura d’autre choix que de s’engager à la légion étrangère afin de se refaire une virginité. Arrivé en Algérie, il y découvrira les charmes du pays mais aussi les rudesses de la légion. Après un écolage difficile, il sera envoyé dans un fortin reculé, complètement démuni face aux attaques de la population locale…
Glénat a eu l'excellente idée de rééditer les 4 tomes de l’intégrale des chemins de la gloire. J’avais eu l’occasion de les lire à leur sortie (le premier tome est paru en 1985) mais ai pris plaisir de les redécouvrir. Le seul petit bémol est le format réduit (très à la mode pour le moment) qui réduit peut-être le coût de l’album mais en même temps réduit sa lisibilité et ne permet pas de profiter pleinement de la qualité des dessins de Hulet.
La deuxième déception est le fait que cette intégrale est inachevée dans le sens où Hulet et Bucquoy n’ont jamais donné une fin à cette histoire, les deux auteurs étant pris par d’autres projets et Hulet décédant en septembre 2011. Pourtant, cette série avait un succès certain et le premier tome avait même gagné le grand prix Chlorophylle du Festival de Durbuy. Glénat a le grand mérite de donner le synopsis de ce qui devait constituer le dernier tome (en lisant le synopsis, on se dit que l’histoire aurait même pu être rallongée de plusieurs tomes).
Au-delà de ces petites déceptions, les chemins de la gloire est un récit particulièrement attachant et réaliste dans une époque d’avant-guerre également très bien exploitée.
L’anarchiste Bucquoy démontre qu’il sait rédiger des scénarios de qualité et finalement très sages en regard des autres provocations et excentricités dont il est capable (je pense à son musée de la femme ou à sa trilogie cinamatographique sur le vie sexuelle des Belges). Les différences de classes sociales et les magouilles des nantis restent un thème récurrent mais sans que cela ne soit tourné à la caricature, loin de là…
Le dessin de Hulet (Pharaon, Fleury Nadal) explose également dans cette série qui démontre tous ses talents. L’ensemble constitue une excellente bande dessinée qui avait peut-être été trop vite remisée dans le passé et revit une nouvelles jeunesse grâce à la publication de son intégrale.