L’histoire du 1^er volume, en quelques lignes…

1944. Suzu se marie et va vivre chez sa belle-famille à Kure, où se trouve une base militaire. Progressivement, la guerre tourne au désavantage du Japon. 

Il nous est impossible, à nous qui vivons dans le monde actuel, d’oublier l’attitude de Suzu, faisant tout ce qu’elle pouvait pour avancer, alors qu’elle voyait disparaître petit à petit tout ce à quoi elle tenait.

L’histoire du 2^ème volume, en quelques lignes…

Dans un recoin des terres dévastées par les flammes,
Suzu médite sur son mari, sur sa famille, sur ses amis… et sur ce monde. 

Tout en évoquant les souvenirs gravés dans sa chair, Suzu continue à chercher l’endroit où elle a sa place…

Ce qu’on en a pensé…

Par son côté « Tranches de vie »,  son ambiance nostalgique, avec son rythme nonchalant et la résilience de ses personnages, cette série nous a fait penser à un autre manga qui a réussi à nous marquer durablement : « Escale à Yokohama ».

L’auteure nous fait entrer dans son Univers par la petite porte de l’univers de Suzu, qui s’imprime dans le contexte historique lourd et l’ambiance de fin du monde qui régnait au Japon après leur reddition en 1945.

Sur un graphisme assez naïf, que l’on peut aussi qualifier de « daté » (pourtant l’œuvre date seulement de 2008), on peut être rebuté en découvrant les planches de l’auteure lors de la première découverte.  Et puis, on se prend au jeu de l’histoire, on s’attache très vite aux différents personnages, on les rattache au contexte historique d’après-guerre.  

Et voici sans nul doute l’énorme force de ce diptyque : la mangaka nous fait découvrir le regard japonais, celui du camp des perdants.  Ce regard surprenant, inédit pour nous est abordé par le biais des tranches de vie d’une famille simple habitant la banlieue de Hiroshima durant les années 40-45.  On découvrira au fil des pages les conséquences collatérales que subiront au jour le jour la population jusqu’à son paroxysme apocalyptique.  

Ce Seinen a déjà été éditée auparavant chez Kana (en 2013), mais en passant toujours discrètement, sans grand bruit chez nos libraires.  Kana a cependant bien raison de rééditer l’œuvre, car le lecteur de l’époque ne sera pas celui de cette édition.  

Le dernier argument est que « Dans un recoin de ce monde » a reçu des prestigieux prix de par le monde.  Le plus prestigieux restera le « Prix d’excellence, catégorie Manga » au Japan Media Arts Festival 2009.  

Pour en savoir (encore) + …

Ce Seinen se terminant bien trop vite, et si vous avez un sentiment de manque, on vous conseille son œuvre la plus connue chez nous : « Le pays des Cerisiers », où la thématique post-Ap’ est poursuivie sur les décennies japonaises suivant la Bombe.  Magistral, là encore !

Milan Morales