AIRBORNE 44 S’il faut survivre - Philippe Jarbinet

AIRBORNE 44 S’il faut survivre, par Philippe Jarbinet - Casterman

Décembre 1944. Alors que dans les Ardennes, l’Allemagne nazie acculée vient de lancer une spectaculaire contre-offensive, tous les avions disponibles sont requis pour aller sur place soutenir les troupes alliées. Y compris les appareils civils de l’Air Transport Auxiliary, une organisation britannique qui a pour particularité d’intégrer des pilotes féminins. C’est l’une de ces opérations de convoyage entre l’Angleterre et la Belgique qu’assure la jeune Tessa. Mais, elle joue de malchance. À la suite d’un duel aérien, la jeune femme fait un atterrissage d’urgence en forêt juste derrière les lignes allemandes. Tout près de Bastogne, là où les combats sont les plus durs… Une seule issue pour tenter de la récupérer : parachuter sur place un commando de secours. Une mission que vont prendre en charge Sebastian Leder et Tom De Witt. L’un et l’autre sont considérés comme des éclaireurs d’élite. Mais ils ont aussi pour point commun de bien connaître Tessa depuis leurs jeunes années, là-bas en Amérique…
Consacré par les lecteurs et la critique pour les deux diptyques d’Airborne 44 signé chez Casterman depuis 2009, Philippe Jarbinet en amorce un troisième dont voici le premier volume, S’il faut survivre. Moins qu’une véritable suite, il s’agit d’une histoire distincte, qui entretient néanmoins certaines correspondances avec les personnages et les situations rencontrés au fil des précédents albums.
 
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Au départ d’AIRBORNE, Je comptais faire le débarquement et la bataille des Ardennes. J’ai proposé 4 albums à Casterman mais comme ils se demandaient si le thème de la seconde guerre mondiale allait fonctionner auprès de leur lectorat, ils ont choisi d’éditer les deux premiers volumes formant un cycle en même temps. Comme  j’étais plus prêt pour la bataille des Ardennes, qui historiquement est situé après le débarquement, j’ai fait celui-là et ça a marché ! Alors j’ai eu carte blanche pour le deuxième cycle mais j’ai dû réécrire toute l’histoire pour l’intégrer dans le cycle 1 !

Ces quatre albums forment une histoire. Le succès entrainant l’appétit on m’a demandé de continuer… La crise mondiale actuelle m’inquiète - je suis un grand anxieux, je gamberge - et m’a fait repenser aux années trente, je me suis plongé dedans. Au centre des Etats-Unis les gens étaient radicalement ruinés et en plus le midwest a été ravagé par une catastrophe écologique, des tempêtes de sables qui vont ruiner toutes les récoltes. Mon dessin est trop propre pour décrire exactement ce qui s’est passé… Je tenais une bonne matière pour mon troisième cycle qui se passe à nouveau du côté des Ardennes.

La jeune Tessa fait partie de ces laissés pour compte de la grande dépression, son père lui a appris à piloter, d’abord pour s’occuper des récoltes mais aussi pour les acrobaties. Il faut savoir que les Américains, n’étant pas en guerre avec l’Allemagne Nazie, ne pouvait pas envoyer de pilotes américains au combat, et surtout des femmes… Elles ont servi en convoyant des avions car l’Angleterre avait grand besoin de matériel. En fait il y avait beaucoup de pilotes féminins. Les volontaires étaient envoyées au Canada, puis en Angleterre, intégrée dans l’A.T.A. (Air Transport Auxiliary). Ces femmes ont piloté pendant toute la guerre, elles ont convoyé 300.000 avions, pilotant tous les types d’avions, dont beaucoup étaient très difficiles à manipuler, leurs moteurs étant trop puissants pour la carlingue…
Je fais de la BD populaire de bonne qualité, en décalage avec les choses plus pointues. Je ne suis pas quelqu’un de compliqué, d’hypermoderne, je n’ouvrirai pas de chemin. Je me ferai avant tout plaisir en dessinant. En tant que pro c’est délicat de parler de cela, certains ont beaucoup de talents mais j’ai besoin de m’amuser en faisant des planches, c’est mon caractère, j’essaye d’être honnête avec moi-même et je m’amuse. Je me limite à un minimum de planches compliquées. J’ai besoin d’être impliqué, de créer des personnages pas une histoire. La guerre permet d’être ample, les gens sont confrontés à une difficulté cruciale, les caractères doivent prendre position, se dépasser…

Ma fiction se glisse dans les faits historiques mais elle est dépendante des faits historiques. Plus vous prenez un sujet historiquement blindé, plus vous aurez de difficultés à glisser une fiction dedans, il faut que soit le plus fluide possible.

Non, S’IL FAUT SURVIVRE n’est pas une histoire d’un triangle amoureux. Il y a de l’amour mais aussi de l’amitié entre deux hommes qui ne se rivaliseront pas pour la femme. Enfin, je n’espère pas car mes personnages s’appartiennent plus qu’ils ne m’appartiennent, ils me dictent leur conduite...
 
 

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