ENTRETIEN AVEC KAMAGURKA: LA LOGIQUE DE L'ABSURDE

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(photo Yves Declercq) Kamagurka-Viviane-Ever Meulen et Herr Seele

A quelques centaines de mètres de ce parlement flamand d’où jaillit une polémique linguistique et bédéique qui déchire déjà les deux côtés politiques de notre petit pays, petit esprit, la galerie Champaka expose un duo d’auteurs flamands, Herr Seele et Kamagurka, coupables depuis plus de trente ans d’avoir créé Cowboy Henk, ce bellâtre, sorte de croisement entre Lambique et Superman mais en blond qu’on croirait con comme ses pieds mais qui poursuit une logique qui souvent échappe aux autres… Et même que ce pur produit flamand a franchi les frontières en se faisant publier dans RAW et Fluide Glacial et Hara Kiri, excusez du peu. Le voilà qui finit enfin traduit en français et en album, édité par FRMK, ce collectif qui ose là où les autres n’osent pas. Un bouquin épais comme une encyclopédie qui rassemble une bonne centaine des aventures improbables du grand blond, aux couleurs très franches, un humour très corrosif. Cow-boy Henk y commet toutes les atrocités et ira où les autres n’iront pas et même plus loin si il le faut... Pour notre plus grand plaisir car nous découvrons, si ce n’est déjà fait, le talent de ces deux auteurs, BV de leur côté de la frontière et ce personnage qui tout compte fait chipote du même côté de l’absurdité surréaliste que le chat de Geluck et qui n’est ni plus mal ni mieux dessiné. Fort de ses 32 ans d’existence, Cow-boy Henk a fait des émules de son côté (linguistique) avec les Kinky et Cosy de Nix et les jumeaux critiques de Brecht Vandenbroucke, pour n’évoquer que ceux qui me reviennent en mémoire !

Ne manquez pas d’aller faire un tour du côté du Sablon et après avoir parcouru la trentaine de grandes planches du blond Henk chez Champaka, passez de l’autre côté de l’église jeter un oeil aux œuvres déjantées de deux autres flamands, Johan de Moor et Al Balis qui exposent à la galerie Petits Papiers.

A bon entendeur salut, messieurs les flamingants, en BD il n’y a pas de frontière linguistique et nous, passionnés de BD, ne nous laisserons embarquer dans votre connerie extrémiste !

De l’absurdisme ? C’est un terme plutôt ardu parce que si on y réfléchit bien il n’y a pas moyen de faire un gag absurde, parce que personne ne comprendrait. Dans COWBOY HENK il y a des éléments absurdes mais qui restent en finalité logiques.

COWBOY HENK est une sorte de rêve, quand tu rêves, tu sais que tu rêves, c’est une situation de rêve où il arrive des situations absurdes mais qui se résolvent de façon logique. La logique est le plus important, uniquement absurde serait incompréhensible...

La plupart du temps, Herr Seele et moi créons nos histoires au café, à Ostende. Je commence par boire des cafés très fort et Herr Seele du thé mais ensuite nous passons à la Trappiste. Pendant ce temps là, nous sommes en train de griffonner sur la table, si bien qu’à la fin nous avons une vingtaine de récits. J’observe mon partenaire, il a un visage très spécifique et cela m’inspire. Dés que je l’observe, je ne peux m’empêcher de rire, ce qui me mets dans cet état d’esprit me permettant d’imaginer cette sorte d’histoires…

Ce n’est pas évident de faire rire les gens avec COWBOY HENK. Tout le monde ne rit pas avec lui néanmoins nous avons un vaste public, et même des enfants de dix ans qui adorent cela.

Ce n’est pas nous premier album en français, le premier s’appelait Maurice le cowboy et a été édité chez Albin Michel. Nous ne nous sommes jamais beaucoup préoccupé de faire des albums parce que j’ai une vie très remplie en tant qu’artiste : peinture, tv, théâtre…

COWBOY HENK est né en 1981, je faisais des strips dans le journal Vooruit et Peter (Herr Seele) était butler chez moi. Comme j’en avais marre de faire ces strips j’ai imaginé un autre job pour lui : dessiner. Il a un style très simple. Les premiers COWBOY HENK ressemblent aux premiers dessins de Hergé. De toute façon, nous avions établi une sorte de plan pour évoluer notre personnage vers ce qu’il est à présent. Je n’ai jamais pensé que nous allions tenir le coup pendant 30 ans, j’imaginais qu’il n’allait durer que quelques années…

 

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