Déjà auteur du futuriste « Félix dans le rétro » avec le scénariste Saez, Jérôme Lebrun revient avec « Du Rififi chez les Yéyés », un titre qui fleure bon les sixties, pardon, les années soixante, puisque l’action se passe en France avec des Français. Il y est donc question d’ancêtres vintage – ici la 4CV - , de yéyé et de SDEC, les services secrets français créé sur le modèle américain par de Gaulle après la deuxième guerre. Raoul Scopitone et son fidèle complice Marcel Formica sont les agents les plus rantanplans de la SDEC et chacune de leur intervention finit par un chaos. On les lance donc aux trousses de kidnappeurs de rock stars sur les routes de France. Inutile de vous dire que tout cela n’est pas très sérieux, que ceux qui adorent le cinéma français des années soixante vont adorer cela, Gabin, Ventura, les dialogues de Michel Audiard, Henri Verneuil, le Baron de l’écluse, les Tontons flingueurs, le Monocle et j’en passe.
Toute la course-poursuite est mise en image par le français Jérôme Lebrun, originaire de Djibouti, français, habitant en Allemagne et adorant la Belgique ! Bref, quelqu’un qui ne se prend pas du tout au sérieux et cela se ressent dans son dessin qui frise la caricature, un régal pour les yeux. Même que voulant se plonger intégralement dans les années soixante il a terminé ses crayonnés à la plume et a colorié le tout à l’aquarelle, de la haute voltige comme au bon vieux temps ! Tout cela mis en musique par le scénariste Philippe Pinard, déjà auteur de Zone Rouge et de Ciel en Ruine, atout de Paquet mais côté Cockpit !
« Du Rififi chez les Yéyés » est donc une BD qui se lit avec plaisir, d’un trait et même qu’après on recommence pour s’amuser à retrouver toutes les allusions, références et hommages cachés au fil des pages.
Pour parodier Audiard : « Les bons ça ose tout, c’est à ça qu’on les r’connaît ! »
J’adore les années 60 au niveau cinéma, musical, culturel… c’était foisonnant et j’avais envie de me faire plaisir , de raconter une histoire avec cette ambiance-là avec toute l’iconographie, le design farfelu, l’ameublement, l’émergence de la culture américaine qui commençait à prendre avec un design français.
J’ai posé les bases d’un story-board que j’ai présenté à Pierre (Paquet) - en temps que dessinateur j’ai mes limites scénaristiques - il m’a conseillé Philippe (Pinard) et on est tombé tout de suite sur la même longueur d’onde.
Raoul Scopitone est le limier des services secrets français qui étaient en terrain de se développer sous De Gaulle, le SDEC, tous ces gars qui avaient œuvré sous de Gaulle et avaient appris sur le ta, ces anciens maquisards qui ont appliqués les méthodes anglaises et américaines avec les moyens de papa. C’était le côté foireux de cette époque-là qui m’intéressait !
James Bond finit toujours en panache une mission qui se passe dans les pays tropicaux, j’ai voulu garder cette trame mais comme ce sont des espions français et que rien ne marche, ils foirent leur mission et leur prochaine est une punition, ils se retrouvent plongés dans l’univers yéyé en France.
Avec « Du Rififi chez les Yéyés » j’ai voulu changer du cent pour cent bagnoles de la collection Calandre, car je sais par expérience que les gens qui ont ce genre de bagnole épousent le même style de vie et écoutent le style de musique qui va avec, ils ont la collectionnite. J’ai proposé un autre univers : les Yéyés.
Même si c’est de la déconnade, le scénario les voitures et tout ce qui fait l’univers est hyper documenté, chaque objet est issu d’une recherche très poussée, le collectionneur s’y retrouve. Les années soixante, avec le recul tu trouves cette période super amusante !
Je me suis imposé comme défi, tant qu’à faire une bd sur cette époque là de la faire comme à cette époque-là. J’ai fait l’encrage à la plume, au pinceau, les couleurs en direct sur les ancrages noir et blanc à l’aquarelle. Avec zéro ordinateur, un gros boulot mais je suis content du résultat, il n’y a plus beaucoup d’albums fait comme cela !
Je ne me suis jamais pris au sérieux, à chaque fois que je fais une chose il faut que je m’amuse, les films de cette époque avec Lino Ventura, Francis Blanche, c’était des tronches caricaturales, les dialogues d’Audiard, je suis fan de Verneuil et je notais tous les bons mots que j’entendais dans un calepin.
Je suis un fan de Gil Jourdan, à qui je rend hommage, il y a des petites anecdotes qui parsèment l’album, le gendarme c’est Christian Marin que j’avais rencontré dans un festival pour la sortie du nouveau chevalier du ciel. J’ai croqué des amis à moi, des clins d’œil
Etant fan des bonus sur les DVD, je me suis amusé à faire un blog qui vient en bonus de la BD, une sorte de making of, l’historique les décors de film que j’ai repris comme le camion de 100000 dollars au soleil en page 1...
Raoul Scopitone, je l’ai imaginé à partir de Fernand Reynaud, avec une petite moustache en plus comme cela se portait à l’époque…
Du rififi chez les Yéyés, une enquête de Raoul Scopitone, agent secret par Lebrun et Pinard – Paquet coll. Calandre