Le scénariste Yann Lepennetier et Virginie Augustin dissertent à propos de Whaligoë, leur dernier ouvrage. J'éviterai d'en dire trop puisqu'une chronique est prévue :
Whaligoë est une histoire qui traînait dans mes tiroirs depuis une vingtaine d’années et dont aucun éditeur ne voulait. Quand Reinold Leclerc est arrivé comme éditeur chez Casterman, il m’a demandé ce que j’avais en réserve, je lui ai proposé celle-là et il a sauté sur l’occasion. Il a également accepté que je travaille dessus avec Virginie Augustin avec qui j’avais envie de collaborer depuis longtemps. Whaligoë est né de ma passion pour les romans gothiques, l'Ecosse, les Dandys. J’ai dédié cet ouvrage à tous les dandys célèbres comme Oscar Wilde ou Serge Gainsbourg et je l’ai signé Balac, comme j’ai signé le premier tome de Sambre qui se passait à peu près à la même période. La thématique de l’histoire est celle de l’usure d’un vieux couple, Sir Douglas Dogson et sa muse Esperanza, la disparition du talent. C’est prévu en deux volumes, dans le premier j'emmène la présentation, dans le deuxième le dénouement.
Comme c’est l’Ecosse j’ai ajouté un fantôme mais il n'est pas vrai puisqu'il y a des empreintes de pas. Quant aux combats de coqs qui agrémentent l’histoire, c’était très prisé à l’époque comme la colombophilie en Belgique, c’est symbolique, cela représente le dandy des villes et des champs qui vont se battre, c’est une allégorie. Ils ne vont pas s'affronter en un duel littéraire puisque ce sont des auteurs mais à la claymore, l’épée des clans écossais.
Le fantastique qui imprègne l’histoire naît plus de l'imagination du personnage principal comme une vérité, une réalité. Il voit ce qu'il a envie de voir parce que c'est un fantasque. Il aperçoit un fantôme mais il n'y croit pas du tout. C'est un écrivain et il y voit surtout de la matière à écrire. Quant à Esperanza, la femme qui l’accompagne, elle est sa muse, elle qui vit pour la littérature et qui vit avec quelqu'un qui n’a plus de talent. C'est un vieux couple unit pour une bonne raison, autour de la littérature, ce sont deux faces d'une même pièce sur laquelle on peut projeter énormément d'histoires. Ils sont de plus en plus acariâtres, lui est distant depuis un certain temps, elle se noie dans la drogue... Ils ont énormément vécu. Ils ont l’impression de toucher le fond en s’échouant dans ce village perdu qu’est Whaligoë, qu’ils tombent de déchéance en déchéance, mais c’est sans compter la rencontre avec un écrivain local qui eut aussi son moment de gloire et qui est résolu à les affronter...
- SHESIVAN
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