POSY SIMMONDS EXPOSE AU CBBD: SO BRITISH

A l'heure où tous les regards de la planète sont braqués sur l'Angleterre qui fête les soixante ans de la Queen et acceuillera sous peu les jeux olympiques, le Centre Belge de la Bande dessinée ouvre sa nouvelle expo intitulée Essentiellement english, une retrospective de la carrière de Posy Simmonds. Très connue dans son pays pour ses dessins de presse et ses illustrations pour enfants, sa notoriété a traversé le channel grâce à deux romans graphiques : Gemma Bovary et surtout Tamara Drew, tous deux inspirés de romans du XIXème siècle. Posy Simmonds les a transposés à l’époque actuelle, a allégé les intrigues pour en faire des comédies de mœurs très british, alliant romantisme, meurtre et mystère. Mélanges de textes et de bande dessinées, on peut dire que l’œuvre si particulière de Miss Simmonds donne au roman graphique tout son sens du terme.

Ajoutons que le commissaire de l’expo est Paul Gravett, journaliste britannique dont la connaissance de la bande dessinée est encyclopédique. Il a supervisé un ouvrage que chaque amateur de BD devrait posséder dans sa bibliothèque : 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie (Flammarion)

 img_3725

 

Posy Simmonds :

C’est Willem de Graeve, un des responsables du CBBD, qui m’a proposé de faire l’expo. Il était venu me voir à Londres, alors que je faisais une lecture dans une librairie. Paul Gravett s’en est occupé, c’est une encyclopédie vivante de la bande dessinée internationale, a walking encyclopedia. J’ai eu difficile à choisir ce que j’allais montrer au public, alors j’ai commencé par mes dessins d’enfance.

J’aime bien l’exposition, c’est très bien fait, j’aime bien les couleurs ; bleu, blanc et rose, mes préférées.

J’ai commencé très jeune à dessiner, influencée par les magazines que lisait ma mère, mais j’ai aussi lu beaucoup de comics américains. J’avais 8 – 9 ans et je connaissais des enfants dont le père était dans l’US air force et ils m’emmenaient à la base américaine, j’y ai goûté pour la première fois du coca cola et du chewing gum. Ils me donnaient des tas de comics après les avoir lu. Mes parents étaient horrifiés par certains d’entre eux et ils me les confisquaient. J’en ai lu jusqu’à onze ans parce que ensuite je suis allé en pension et cela n’y était pas permis.

J’ai aussi lu des classiques de la littérature. Tamara Drew est paru dans le supplémentaire littéraire du Guardian, on m’avait demandé de faire quelque chose de littéraire alors j’ai adapté Thomas Hardy. Au départ, il n’y avait pas de scénario, je devais livrer deux épisodes par semaine avec une limite de cent épisodes, tandis que pour Gemma Bovary tous les jours. Après 25 épisodes, j’ai seulement commencé à avoir une idée de la fin de l’histoire. C’est pour cela qu’il y a les deux décès à la fin, sans doute par manque de structure. Le roman de Thomas Hardy qui m’a inspiré « Loin de la foule déchaînée » était beaucoup plus sombre. Le film est plus léger et la fin trop sucrée mais les caractères et les décors, l’esprit sont bien rendus. Ce n’est pas une retranscription exacte du livre parce qu’un film est une œuvre à part. Dans le livre Tamara Drew n’est pas le personnage principal, contrairement au film. Elle joue le rôle de catalyseur, c’est son apparition qui fait qu’un tas d’évènements se déclenchent.

Mon prochain projet est de nouveau un roman graphique mais il y a beaucoup de préparation avant, décors, costumes, personnages, beaucoup de travail de recherche. Je suis à la fois metteur en scène, script, maquilleuse… la mise en place est très lente. Ce sera à nouveau basé sur un classique de la littérature mais je ne peux pas révélé lequel, c’est un secret.

J’ai toujours écrit et dessiné en même temps, c’est mon style. J’ai fait les beaux-arts et puis j’ai fait des arts graphiques, la typographie. D’abord j’écris et petit à petit je coupe le narratif par des dessins. Toutes les conversations importantes sont en images mais comme trop de bulles sont fatigantes à lire, je coupe par du texte. C’est comme un frein, pour donner le tempo à l’histoire. Je varie la police de caractères selon les personnages, comme s’il s’agissait de voix différentes.

Peut-être que demain je flânerai dans Bruxelles, c’est une ville intéressante, j’aime bien côtoyer les gens, les observer. La ville me fascine c’est une ville cosmopolite, internationale…

 

(photo JJ Procureur)

CBBD du 12/6/2012 au 12/11/2012

http://www.cbbd.be/fr/actualite/193-retrospective-posy-simmonds

Identification (2)