INTERVIEW DE OLIVIER DAUGIER POUR ZONE ROUGE

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Avec « Zone rouge » la collection Calandres de l’éditeur Paquet fait dans la bagnole de luxe : la Porsche. Mais que les aficionados de Citroën se rassurent, il y a encore quelques pages qui leurs sont dédiées. Cependant, en ce qui concerne les courses automobiles il faudra attendre que paraisse le tome 2. Pour l’instant nous n’en sommes qu’aux préliminaires. Côté drague, également… Philippe Pinard et Olivier Dauger, déjà auteurs de Ciel en ruines dans la collec Cockpit de Paquet nous offrent une histoire qui fleure bon les années 60 de Tintin… Ca vroome à fond, genre Michel Vaillant !


 

Olivier Dauger : Je suis plus Jacobs et Martin…
Shesivan : On note une certaine ressemblance avec le Craenhals de Pom et Teddy ?
Olivier Dauger : Oui effectivement mais je ne connais pas ! Je n’ai jamais lu le journal de Tintin étant gamin, les seuls que j’ai lus actuellement c’est à titre documentaire, pour retrouver l’ambiance de l’époque. J’ai une culture BD assez réduite… Mon personnage a un physique banal, nez droit, mâchoire… J’ai sans doute digéré diverses influences inconsciemment…

Shesivan : C’est un personnage assez arriviste ?
Olivier Dauger : Opportuniste, menteur, un antihéros si on fait référence aux héros de BD classique. Il n’a pas que des qualités…

Shesivan : Pourquoi la Porsche Carrera ?
Olivier Dauger : Le scénariste s’intéresse beaucoup à tout ce qui est mécanique et c’est un fana de Porsche. Je ne connaissais pas les Porsche avant de les dessiner, je ne pourrai les distinguer. Mais maintenant, à force de me documenter… Je suis plutôt passionné d’aviation. J’aime les ambiances rétro, 40-50, reconstituer cela en dessin, jusqu’au détail. Cette recherche est un vrai plaisir. Je fais de la BD où je n’invente rien, il faut tout retrouver, le vrai plaisir est là… faire en sorte que quand le lecteur lit le truc il ne se dise pas qu’il y a des anachronismes. Nous balisons suffisamment notre travail pour ne pas avoir de problèmes. Nous sommes rarement pris en défaut. C’est du côté des uniformes que nous nous faisons avoir… Il y a ces ayatollahs du détail !!! J’en ai vu s’énerver parce qu’un écusson n’était pas au bon endroit. 99 % des gens s’en foutent, ce ne sont que des erreurs minimes

Shesivan : Des voitures, ça doit être barbant à dessiner, non ?
Olivier Dauger : Au contraire ! J’adore dessiner les voitures, les anciennes. J’ai moi-même deux bagnoles de collection : une Frégate de 55 et une Cadillac de 1956 ainsi que des motos anciennes…

Shesivan : Vous rendez aussi hommage à Citroën, c’est une habitude chez Paquet, non ?
Olivier Dauger : Oui mais nous en sortons assez vite, nous changeons pour un peu de puissance. A force ça va finir par lasser, Citroën… Il y en a un paquet, des voitures mythiques !

Shesivan : Et le deuxième album ?
Olivier Dauger : Il y aura beaucoup d’action… On va densifier le récit puisque dans le premier on a installé les personnages. Il y aura le rallye de Monte Carlo avec pleins de voitures, des accidents comme dans les histoires de Franquin et Tillieux. Des accidents, fantasme qu’un dessinateur peut se permettre !

Shesivan : Etes- vous un auteur traditionnel ? Papier crayon ?
Olivier Dauger : Oui, ce sont des outils incontournables. J’ai fait 4 albums sur palette graphique et à présent j’en ai marre je suis revenu au papier, à la plume et au pinceau. Il y a des choses que j’aimais dans la BD franco-belge c’était le travail de la plume et du pinceau du dessinateur. Je n’avais pas conscience que cela donnait de la vie à l’ouvrage, avec la palette graphique c’est trop froid, trop propre, on est super précis sur des détails, on zoome sur des trucs qui ne se verront même pas au final ! La vie elle est là ! Le trait d’Hergé est vivant parce que regardé de près il est approximatif, à la palette c’est trop droit, trop net... Je dessine bien plus vite à la plume qu’à la palette, au moins je ne passe pas mon temps à zoomer et à dézoomer. En plus cela donne des planches à exposer, à vendre, ça fait des heureux. C’est agréable d’avoir un original en face de soi, de voir les erreurs, intéressant de voir comment c’est fait.

Shesivan : Pourquoi le titre Zone rouge ?
Olivier Dauger : Parce qu’on parle de sport automobile. En sport automobile, quand le compte-tours atteint la zone rouge, il faut faire attention. Zone rouge évoque un terrain dangereux. On parle de voitures mais aussi de relations humaines. Au départ je n’étais pas d’accord avec les premiers titres, je trouvais cela trop roman-photo… nous avons opté pour un compromis…

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