Interview Sandawe

Interview Sandawe à l'occasion de la sortie de Corbaque
Interview Sandawe

Sortie de leur 1ère BD

Maître Corbaque

de Zidrou & E 411





PATRICK PINCHART OU L’ITINÉRAIRE D’UN BATTANT.

Avant de devenir l’édinaute en chef des éditions Sandawe, Patrick Pinchart a prouvé son amour pour la bande dessinée de diverses façons : émissions radio et télé, création de sites internet (Actua BD…), fanzines et magazines, fondateur des « Amis de Hergé », éditeur… Il fut même deux fois ( !) rédacteur en chef de Spirou.
Voici un homme mû par une énergie hors du commun, cette énergie lui permettant aussi de triompher du pire après une grave chute… C’est un battant !
Sandawe c’est lui et il est fier d’accoucher de son premier bébé, pile poil avant la grand messe d’Angougou. Lorsque j’ai évoqué le nouveau concept de Sandawe devant un éditeur « traditionnel », il a levé les yeux au ciel et a répliqué : « il n’y aura aucun contrôle, on éditera n’importe quoi ! ».
Un ange passe, les ailes chargées d’ironie…
N’est-ce pas ce qui se passe actuellement ?
5200 titres en 2010, c’est trop, trop de redondances, trop de tout et n’importe quoi, trop de trop… L’édition actuelle n’a-t-elle pas besoin d’un bon écrémage ?
Mais Patrick Pinchart a l’œil. Avant d’aboutir sur la toile, les projets des auteurs passent d’abord par lui. Il en refusera mais ne sera jamais avare de conseils. Il ne leur claquera pas la porte sur le nez. J’en veux pour preuve cet ami auteur qui s’est vu refusé son projet, faute de (gros) moyens. Patrick s’en souvient très bien et comptait même le revoir pour en parler et pour le conseiller.
Si ce n’est pas de la passion pour la BD et du respect pour les auteurs, ça !


C’est au Centre Belge de la bande dessinée que j’ai rencontré cet édinaute en chef comblé, accompagné de Zidrou et E411, les parents de ce premier enfant né de cette union des bulles et de la toile : Maître Corbaque.
Patrick Pinchart nous explique tout sur Sandawe.



(L’équipe de Sandawe fête son premier-né !)


Shesivan : Quelle est la démarche des éditions Sandawe ?

Patrick Pinchart : Sandawe est une maison d’édition communautaire basée sur le « crowd funding », grand mot qui veut dire financement participatif, faire participer un grand nombre de gens au financement de l’album… Cela permet à des auteurs qui ont un projet de BD de faire financer et promotionner leur projet par des internautes qui deviennent leurs édinautes. Comment cela se passe ? Les auteurs envoient un projet et moi, en tant qu’éditeur, je fais une sélection. Je suis très exigeant, je veux qu’il n’y ait que des projets de qualité proposés aux internautes.
Dés que c’est passé par mon approbation, le projet est proposé aux édinautes sous forme de bande-annonce, de planches, tout matériel que tout éditeur reçoit et qui permet de se faire une idée, d’opérer un choix. Le projet est aussi conseillé par des journalistes, des auteurs et des libraires.
Les édinautes ont le droit de financer ces projets par parts de 10€.
Si l’album est imprimé, vendu, les édinautes recevront une partie des bénéfices sur leur investissement. Ils peuvent vivre toute l’aventure éditorial de la création, voir comment l’auteur travaille, ils peuvent discuter avec lui, reçoivent des bonus, des éditions spéciales…


Shesivan : Combien d’albums ont-ils déjà été édités ?

Patrick Pinchart : Trois albums ont été financés, le premier paraissant le 16 février : Maître corbaque. Ce qui est intéressant, c’est que ce sont des albums dans des genres très différents ! Nous avions peur au départ que les édinautes ne choisissent que du commercial mais on s’est rendu compte que parmi les premiers choix figurait un album ado-adulte de SF par un peintre-dessinateur de BD, le tome 2 de Maître Corbaque qui est un album tout public de grande qualité et en troisième lieu un roman graphique fantastique !
Parmi les projets en cours de financement il y a un western fantastique, un autre qui s’appelle « Corpus christi », une histoire très intéressante à propos de la découverte de la momie du Christ à Petra. Comme le genre de séries est très varié, cela permet de toucher un large public !
Le système de processus de financement que l’on peut suivre sur notre site est très long et très éprouvant pour les nerfs !


Shesivan :  Quelle est l’origine du nom Sandawe ?

Patrick Pinchart :  Lorsque j’en ai parlé autour de moi on m’a répondu : « C’est un nom imprononçable, vous faites une erreur marketing grave. Les gens ne vont jamais retenir ça ! » Mais l’histoire derrière ce nom nous a tellement plu que je m’en vais vous l’expliquer.
Sandawe, c’est une tribu africaine près du rift en Tanzanie (si vous avez vu le films « Les dieux sont tombés sur la tête », ce sont ces aborigènes qui parlent par clic. C’est une communauté car ils n’ont pas de bien propre, ils sont habitués à se débrouiller dans un élément très ardu qu’est le désert - pour le moment l’édition est un élément extrêmement compliqué ! Ils parlent par clic => internet clique sur des liens, ils ont un grand respect des valeurs humanitaires.
C’est tellement proche des valeurs de la communauté qu’on le choix de ce nom étairt évident à nos yeux ! A noter que les Français prononcent sandavé !



Shesivan : On pourrait croire que puisque l’édition se fait via internet, les albums sont diffusés de cette façon. Qu’en est-il ?

Patrick Pinchart : Sandawe n’est pas une maison d’édition sur internet, c’est une maison d’édition traditionnelle dont le processus de financement est sur internet. Les livres sont distribués par Hachette, qui est une grosse boîte, il sera donc disponible partout !
En plus, il sera adapté en numérique, disponible sur tout matos informatique genre I phone, I pad, PC, etc.
En guise de bonus, il y a dans le livre un code qui permet de télécharger un livre bonus. Dans le cas de « Maître Corbaque », il s’agit d’histoires vraies de procès que nous avons retravaillés à notre sauce.
On peut aussi faire imprimer ce livre bonus à la demande, ainsi les gens pourront avoir un exemplaire qui leur appartient en propre et qui n’existe pas ailleurs !
La promotion se fait via internet puisque tous les édinautes recevront bientôt un kit de buzz, des bande-annonces à diffuser autant que possible, à envoyer à leurs copains ainsi que des flyers publicitaires qu’ils pourront distribuer chez leurs libraires.
Nous remarquons que seul le phénomène de bouche à oreille fonctionne déjà puisque des libraires nous contactent parce qu’un édinaute qui a financé un livre lui demande de le vendre. Normal puisqu’il va toucher de l’argent dessus !
Non seulement les édinautes financent les albums mais ils promotionnent et ils y ont tout intérêt !

ZIDROU & E411 : LE COME BACK DE CORBAQUE

(Sur l’air de Zorro)
un scénariste très connu dans la BD
rejoint l’éditeur Sandawe,
son nom, il le signe à la point du stylo,
d’un Z qui veut dire Zidrou !
Soyons fiers de notre scénariste belge exilé en Espagne, Zidrou a le vent en poupe ! Il suffit de consulter son CV pour se rendre compte de son sens de l’opportunisme et aussi qu’il a déjà travaillé avec un nombre incroyable d’auteurs, Wasterlain, Fournier, Bercovici, Jannin, Midam, Gazotti, Will, Piroton pour ne citer qu’eux, souvent dans le registre de l’humour mais également dans la tendresse, comme ce « Lydie » créé avec Jordi Lafebre qui reste une des BD marquante de 2010. Ancien instit’, il sait parler aux jeunes… Il signe également des livres pour enfants, notamment dans la fameuse Bibliothèque Rose.
Dans le courant de cette année paraîtront les nouvelles aventures de la Ribambelle, sous le crayon de Jean-Marc Krings…
Nous revenons sur la genèse de Maître Corbaque. Quand à son dessinateur E411, il ne dira pas un mot sans la présence de son avocat Clin d'oeil




Shesivan : Zidrou, pourriez-vous me parler de Maître Corbaque ?

Zidrou : Maitre Corbaque est une série dans laquelle on croyait, qui fut créée dans les années nonante. Elle a été publiée dans Spirou mais faut d’album, elle a été arrêtée. Elle a été repêchée par Patrick (Pinchart). On l’a relu et j’étais surpris, c’était bon, il y a des histoires qui m’ont fait marrer, des histoires mordantes.
C’est chouette que la série renaîsse et qu’entretemps personne n’a fait de série sur le monde des avocats.
C’est un monde dans lequel on peut prendre du bon temps, s’amuser, avec ces procès absolument ridicules où tout le monde à peur de tout et pour tout, essentiellement en France… C’est un bonheur pour le scénariste et le dessinateur quand tu veux faire de l’humour mordant, il y a des millions d’histoires possibles !
Quand Patrick a décrit le projet Sandawe, on s’est dit qu’on allait tenter l’aventure ! C’est lui qui est venu à moi, il voulait que je crée quelque chose mais je n’avais pas le temps… c’est lui qui a proposé Maître Corbaque, il y avait des choses qui n’avait jamais été publiées…
J’ai refais des scénarii et c’est parti pour le financement du deuxième… Ce sont un peu comme les aléas de la vie, on perd des personnes de vue puis on les retrouve, comme Maître Corbaque. Bizarrement c’est comme si on l’avait quitté hier, c’est vraiment une sal(censuré)pe, une avocate véreuse, marron mais dans le fond c’est une brave femme…
Le monde des avocats est un monde pourri, très dur !



Shesivan : Vous parlez d’expérience ou c’est imaginaire ?

Zidrou : J’ai des amis avocats ou avocates, j’ai joué au football avec le jeune barreau ! Dans les douches et lors de la troisième mi-temps j’entendais plein de trucs, c’est hallucinant ! Et puis quand on lit la presse, ces histoires où les gens réclament des sommes incroyables pour des choses incroyables !
Un peu comme si on envisageait de poursuivre en justice monsieur météo parce qu’il a fait mauvais alors qu’il avait annoncé le contraire, tout cela parce qu’pique- alors qu’on avait prévu un pique-nique !
Comme ce ne sera plus publié dans Spirou, je vais pouvoir me lâcher un peu, j’ai fait un scénario, j’ai des sujets en tête qui ne pouvaient paraître dans Spirou, des trucs cruels et méchants mais vraiment la réalité des procès…


Shesivan : Sandawe ne prévoit donc pas de prépublication dans un quelconque magazine ?

Zidrou : En ce qui concerne ce premier tome, beaucoup de matériel avait déjà été publié dans Spirou mais pour le deuxième il n’y a rien de prévu…


Shesivan : Vous avez encore d’autres projets avec E411?

Zidrou : Nous avons une série qui va paraître chez Paquet qui s’appelle « Schumi », pré publiée par un magazine d’Averbode, à propos d’un enfant qui est dans une chaise roulante. Mais c’est rigolo, c’est présenté positivement, ce n’est pas larmoyant. De temps en temps, il y a un gag qui montre qu’il a dur, que sa vie n’est pas facile mais on veut vraiment donner une image d’un petit gamin sympa et débrouillard. J’espère que ça va marcher…



Shesivan : Vous qui vivez en Espagne, que pensez-vous de ces dessinateurs qui arrivent sur le devant de la scène ?

Zidrou : Le marché de la BD a disparu en Espagne. L’Espagne et l’Italie sont deux pays de BD, mais il n’y a pas de magazine et à présent il y a vraiment une génération perdue. A part Mortadello et Filemon et Tintin, les gamins n’ont pas de BD.
Quand Guarnido ou Mirallès ont percé, beaucoup d’auteurs espagnols qui au départ travaillaient dans l’illustration, la pub, les story-boards et les comics américains se sont lancés dans la BD parce que leur premier amour était la BD. Ces gars ont une vraie culture de la BD franco-belge et, comme je parle espagnol, je commence à avoir un harem, malheureusement masculin, d’auteurs espagnols !

http://www.sandawe.com/fr/index.awp

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