Interview BD "Daria Schmitt" - "Acqua Alta # 1"

Interview BD de Daria Schmidt (Acqua Alta - Casterman)
Interview BD:

Daria Schmitt
dessinateur / Scénariste



à l'occasion de la sortie de "Acqua Alta # 1"
Editeur:


Ce n'est pas tous les jours que le monde de la BD accueille une oeuvre d'une telle intensité visuelle, surtout lorsqu’il s’agit dun premier essai. Cela vaut donc la peine de chercher à en apprendre plus sur son auteure, Daria Schmitt, par le biais de quelques questions…

Shesivan : Daria Schmitt, il est extrèmement difficile de trouver des renseignements sur votre personne. Même Casterman reste laconique à votre sujet. Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Daria Schmitt : J'ai fait des études d'histoire, puis d'architecture. J'ai travaillé du crayon  quelques années durant, en agence, création de décors,  illustration d'événement, story boards, etc. Puis, à la naissance de mon fils, je suis devenue professeur dans une école d'arts appliqués, et j'ai commencé la BD ! Aujourd'hui, je m'y consacre à temps plein, et intervient ponctuellement au sein de l'agence ZéroSixDix ( design d'environnement, muséographie...)


SH. : Quelle a été la gestation de Acqua Alta ?

D.S. : L'histoire a commencé il y a longtemps déjà, en marge de mes activités professionnelles; je dessinais de grandes planches en noir et blanc représentant des lieux, des bâtiments, des personnages...les bâtiments sont devenus ville, les personnages commençaient à avoir des noms, une histoire... j'ai accumulé toutes ces recherches pendant des années, puis j'ai décidé d'en faire une histoire, en bande dessinée.


SH. : Pourriez-vous expliquer le titre ?

D.S. : L'Acqua Alta est un phénomène typiquement vénitien: c'est la période de marée qui provoque l'inondation d'une partie de la ville, entre l'automne et le printemps. Sans être une référence directe, Venise est la "muse" de cette histoire, née du désir de confronter graphiquement, le bâti monumental et l'élément liquide…


SH. : Acqua Alta est un brassage de Magritte pour son surréalisme, Schuiten pour son décorum, l’univers du cinéaste Terry Gilliam également (Brazil), quelles ont été toutes vos influences ?

D.S. : Celles que vous citez sont justes, on peut y ajouter la peinture baroque italienne, l'architecture des années trente, mêlée à des réminiscences( plus que des citations!) d'architecture haussmannienne et de son répertoire ornemental,  le cinéma de Wim Wenders, (Alice dans les villes, Les ailes du désir, etc.) pour son rythme, et sa relation à la ville,  Gaston Bachelard pour  son livre sur l'eau et les rêves, et encore bien d'autres que j'oublie mais qui ont laissé une trace forte dans mon imaginaire.



SH. : Quelle est la part d’intervention de François Schuiten dans l’élaboration de Acqua Alta ?

D.S. : J'ai rencontré François Schuiten avant de démarrer le projet . Il a guidé le récit vers sa forme bande dessinée, et m'a accompagnée de ses conseils tout au long du parcours.


SH. :  Peut-on parler de fable allégorique ?

D.S. : Il y a dans les fables un contenu didactique parfois moralisateur, qu'il n'entrait pas dans mes intentions de mettre! Acqua Alta est l'aventure d'une ville en perpétuelle redéfinition, traversée par des courants mystérieux, imprévisibles, et qui peut naître entre les mains de ceux qui s'y attendent le moins.


SH. : Luc et Mathieu, les deux personnages principaux, sont-ils les apôtres du cube ? Peut-on vraiment parler d’eux comme de personnages principaux, ils m’ont l’air d’être une paire de bureaucrates obstinés qui s’engluent dans les méandres de leur administration…

D.S. : Luc et Matthieu, à l'image de la ville qu'ils traversent dans des conditions nouvelles pour eux, sont des personnages "en voie de définition". Issus d'un groupe d'anonymes, ils tentent de trouver des repères dans un monde qu'ils croyaient bien connaître, mais qui leur échappe désormais; cette errance est le creuset de leurs personnalités, qui se forge autour de leur désir pour le cube qu'ils poursuivent, et dont ils sont à la fois les âmes damnées,  et  les démiurges. Ce sont des héros, discrets, surpris eux mêmes de ce qu'ils ont entre les mains.


SH. : Vu les illustrations, j’ai l’impression que les planches originales doivent être grandes, non ? Ne trouvez vous pas la taille des albums étriquée ? Pourquoi pas un tirage de tête grand format  ?

D.S. : Les planches originales font 51cmx40cm, elles ont, à mon avis, bien supporté la réduction...mais, pourquoi pas?!!!


SH. : Couleur directe ? Quelles matières ont été employées ?

D.H. : couleur directe, oui ! après l'encrage, j'ai travaillé à l'acrylique, en jus successifs, puis au crayon de couleur. travail long, lent, mais... exaltant!

Shesivan

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