Interview BD "Marvano" - "Grand Prix # 1"

Interview BD de Marvano (Grand Prix # 1 chez Dargaud)
Interview BD:

Marvano
scénariste / dessinateur

à l'occasion de la sortie de "Grand Prix # 1"
Editeur:

.

Dargaud a mis les petits plats dans les grands pour la présentation de la nouvelle trilogie de Marvano intitulée « Grand Prix ». Une conférence de presse avec l’auteur organisée au musée D’Ieteren, un musée privé bondé de voitures de collection. Trois siècles de mécanique qui prouve que notre petit pays n’est pas manchot en matière d’automobile. Après l’allocution de Marvano, Shesivan a échangé quelques mots avec lui…

Marvano
:

« L’époque de l’entre deux-guerres est une période qui a rarement été traitée en BD. Il y avait beaucoup de problèmes en Allemagne, en particulier et voici qu’apparaît cet obscur agitateur autrichien qui devient chancelier et qui promet de la nourriture et de l’argent.
Il s’est passé quelque chose qui est difficile à comprendre de nos jours car nous savons ce qui s’en est suivi… Donc, j’avais le décor mais je devais trouver un point de départ original, je voulais trouver un personnage principal hors du commun…
Par hasard, j’ai mis la main, chez un bouquiniste, sur la biographie de Rudolf Caracciola, de descendance italienne mais allemand, pilote de course durant les années 20 et 30 pour l’écurie Mercedes. Je connaissais ce nom-là, étant né à Zolder… Je baigne dans les courses automobile… mais je ne connaissais pas du tout cette époque-là.
Je l’ai trouvé fascinante, avec des personnages hors du commun, « bigger than life ». Je tenais mon point de départ pour la série que je voulais faire. Je voulais les sortir de l’oubli…
Les ingrédients sont historiques mais les plats sont fictifs.
En fait il y avait une toute autre raison pour laquelle les dirigeants ont sponsorisés les équipes allemands de grand prix : le traité de Versailles interdisait aux allemands de faire des recherches concernant l’aviation, entre autre l’aérodynamique et la puissance des moteurs… Mais le traité de Versailles ne disait rien sur les sports automobile, comme sur les fusées… Hitler a donc contourné le traité en faisant soi-disant des recherches pour le sport automobile. Certes, ces recherches ont bien été utilisées dans le sport mais certains moteurs ont équipés des chasseurs, par après. On prétend, car les sources n’étaient pas fiables à l’époque, qu’en 33 Hitler proposa à Ferdinand Porsche, qui travaillait pour Auto Union, de tripler la puissance des moteurs de 300 CV à 1000 CV et lorsque l’ingénieur lui demanda pourquoi, il resta dans le vague. A cette époque-là il préparait déjà autre chose que des grands prix…"




Interview

Shesivan : Marvano, vous passez de la science-fiction à l’histoire. Pourquoi ?

Marvano : C’est une bonne question ! La science-fiction que j’ai pratiquée avec Joe Haldeman n’est pas vraiment de la SF. Ce sont des récits actuels déguisés en SF, nous permettant d’exagérer les idées… donc le pas entre histoire et SF n’est pas si énorme.
De plus cette période, le vingtième siècle me fascine, les deux guerres mondiales, les périodes entre les deux… tous ces évènements qui ont façonné notre époque actuelle. Cela me peine d’entendre les politiques déclarer qu’il faut oublier ces guerres, c’est la manière idéale de répéter les mêmes erreurs. On dit que celui qui ne connaît pas son histoire est condamné et refaire les erreurs du passé.
C’est une des raisons pour laquelle je voulais travailler sur cette époque située entre les deux guerres, parce qu’il y a selon moi des comparaisons à faire avec la nôtre. Si nous oublions ce qui s’est passé nous n’allons pas évoluer et si nous voulons résoudre les problèmes de notre futur il nous faudra regarder dans notre passé.
J’espère amener les lecteurs à s’intéresser à cette époque oubliée…


Sh : Etes-vous en train d’avancer que nous allons droit vers une nouvelle guerre ?

M. : Honnêtement, je l’ignore... J’évoque cette période de l’entre deux-guerres tout en sachant qu’il y avait un conflit qui allait éclater, qui durerait six ans et qui serait remporté par les alliés. Mais en 1937, les gens ne savaient de rien… on soupçonne que certaines personnes n’ignoraient pas qu’il y aurait une guerre mondiale, mais personne n’avait de boule de cristal. Nous non plus, actuellement !


(Marvano et Shesivan - photo de Tom)

Sh : Comment avez-vous rencontré Joe Haldeman ?

M. : Fin 70 lors d’un congrès de SF à Gand, j’étais fan et Joe était un des invités d’honneur. Le monde de la SF est très ouvert, nous avons gardé le contact. A un moment j’ai eu l’idée de convertir « La Guerre éternelle » en BD. Je l’ai contacté, il a accepté et petit à petit, nous sommes devenus amis...
J’ai tout fait, scénario et dessin, excepté l’histoire de base et les dialogues qui provenaient de l’histoire original, naturellement…


Sh : Vous êtes le premier qui, dans le domaine de la BD, a proposé une histoire de SF décente au public ?

M. : Oui c’est fou ! J’ai dû être génial parce que par après Ridley Scott a acheté les droits d’adaptation de la « Guerre éternelle », aussi bien le roman que la BD !


Sh : Il a fallut du temps pour que le monde de l’édition BD s’intéresse à la SF pratiquée par « ses » auteurs, Silverberg, Zelazny…

M. : Zelazny, quels bouquins ?


Sh : Les princes d’Ambre !

M. : Ce n’est pas de la SF c’est plutôt de la fantasy…


Sh : Silverberg également puisqu’on édite Majipoor… Jack Vance, le cycle de Tschaï a également été adapté…

M. : Jamais lu ! Mes auteurs préférés sont Clifford Simak, Robert Heinlein, j’ai détesté l’adaptation cinématographique de « Starship troopers », elle est débile, mais par contre le livre est très intelligent…

Eh oui, nos deux amateurs de SF n’ont pas tardé au fil de la conversation à tomber dans leur domaine de prédilection favori Grimaçant Grimaçant Grimaçant


(Le bolide d'Auto Union dont il est question dans "Grand Prix")

Shesivan



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