GénérationBD : Nous suivons le destin de la petite Li, à travers son protecteur Monsieur Wang et en même temps on suit l’histoire de la Chine des années vingt et trente, avec la guerre des seigneurs des armées, celle de l’opium, la grande marche, Tchang Kaï Tchek et l’émergence de Mao dans ce tome 3. Le lecteur passe facilement d’un élément historique avec plus de texte et d’explications, à la destinée de Li et aux origines expliquant la vie de M. Wang.
Une superbe série à conseiller, tant le scénario des deux auteurs que le trait merveilleux de Jean-François Charles séduisent le lecteur!
L’idée de réaliser une série traitant de la Chine est venue après votre voyage, ou c’est dans l’idée des albums que vous êtes partis en Chine ?
On avait commencé à écrire mais on n’avait envie d’aller en Chine car on pensait ne plus trouver de témoignages de la Chine des années 20 ou 30. Mais courant de la première bd après 4 ou 5 mois, on s’est dit qu’on allait tout de même y aller et nous avons trouvé une excellente agence qui nous a fait un voyage sur mesure. Il y a eu beaucoup d’échanges et le voyage nous a permis de trouver des choses complémentaires, de découvrir les différentes ethnies chinoises. Notamment les modèles bien entendu, et nous avons débuté par Pékin avec des visites classiques telles la grande muraille, la Cité interdite mais aussi des quartiers populaires pour voir des éléments typiques.
Puis X’ian avec l’armée en terre cuite (un ensemble de près de huit mille statues de soldats et chevaux en terre cuite, représentant les troupes de Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine) mais aussi le quartier musulman car c’est en Chine que se trouve la plus grande communauté musulmane en pourcentage, pas de la population chinoise mais par rapport à la population musulmane de la terre puisque c’est là qu’il y a le plus d’habitants. C’était des quartiers difficiles mais intéressants à voir aussi et puis surtout la petite ville de Pingyao recommandée par l’agence, à l’identique que ce qu’elle était il y a 1000 ans ! Jean-François a donc pu retranscrire tous les détails à dessiner (boutons de portes, fenêtres,…), même si le confort n’était pas toujours présent pour nous. On a pu aussi découvrir en ville une reconstitution d’un procès d’époque, et c’était intéressant à tout point de vue.
Enfin nous avons terminé par Shangaï où on a pu voir des hôtels du début 20ème siècle et quelques ruelles de l’ancienne concession française donc c’était quand même très intéressant et aussi pour voir les gens qui sont très gentils. En outre, comme il y a très peu d’Occidentaux à Pingyao, les autochtones souhaitaient prendre des photos de nous et nous pouvions alors en échange en prendre aussi d’eux, ce qui nous arrangeait pour avoir des modèles à dessiner ensuite.
Notre séjour n’a donc pas modifié le scénario mais a permis d’avoir des repères graphiques et historiques.
Prévu au départ en trois tomes, ce seront finalement 4 albums. Trop à raconter ? Souhait de l’éditeur de limiter à trois tomes ?
Jean-François a dessiné chaque fois plus de 46 planches mais malgré tout on ne peut pas faire des ellipses et tout caser lorsqu’on souhaite décrire des sentiments ou des modifications de caractère, et on a compris dès le premier tome qu’il nous faudrait un quatrième. Et l’éditeur a suivi directement notre souhait. Car c’est sur le terrain que l’on voit vraiment où on en est et le nombre de pages nécessaires… (ndlr : 64 pages pour le tome 1 et 2 et 72 pages dans ce tome 3 !).
Scénario à deux et mise en page par Maryse ? Découpage et dessin par Jean-François ?
Nous réfléchissons ensemble sur le scénario mais ensuite Jean-François découpe et réalise son story-board seul, puis il dessine. Comme c’est aussi l’Histoire avec un grand H donc on ne peut pas se tromper dans les dates et si on s’arrête à tout cela, on n’avance pas. Et regarder tout ce qui est technique ; le personnage qui descend le Yang Tsé jusque Shangaï, voir d’où il part et combien de temps il met… On ne veut pas être trop didactique et que cela puisse se lire facilement.
On retrouve aussi quelques illustrations pleine page, comme dans Tintin d’époque. Plus gai pour Jean-François comme des peintures ?
C’est un peu une récompense pour moi, cela me permet en effet de réaliser des petites peintures et cela permet aussi de rythmer le récit. C’est aussi un plaisir pour moi et c’est plus efficace parfois que de tout caser dans une petite vignette. Par exemple l’épisode de la grande Marche s’y retrouve ; c’est vraiment le choix de Jean-François. Comme pour les autres collaborations que j’ai avec d’autres dessinateurs, je leur livre un scénario et leur laisse ensuite liberté du découpage, je fais pareil avec Jean-François.
Autre projet actuel : un bouquin érotique à paraître chez Kennes. Volonté de diversifier ? Comme le port-folio paru récemment.
C’est un one-shot de 128 pages dans l’esprit des contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer… ce sont des gens qui partent en pèlerinage et le soir ils discutent entre eux en cercle autour du feu et se racontent des histoires. Mais doucement cela glisse vers des récits plus grivois et des contes érotiques… avec présentation des conteurs et des contes et tout est lié.
Ce sont donc des histoires imaginées par Jean-François et avec des illustrations à l’aquarelle, de la bande dessinée, des enluminures et tout est axé autour du Faune.
Sortie le 10 novembre, chez Kennes via l’éditeur Daniel Bultreys avec qui on a travaillé chez Glénat pour « Ella Mahé » ou « Far away » par exemple. Avec une surprise à découvrir dans le premier tirage de cet album intitulé « Faune - Contes grivois et autres diableries »