Série: Girls
Titre: Conception
Scénario: Joshua Luna
Dessin: Jonathan Luna
Couleurs: Jonathan Luna
Editeur: Delcourt
Après le surprenant «Ultra», qui s’attaquait aux déboires quotidiens de trois super-héroïnes dans une mégapole débordante de publicité et de paparazzis, les frères Luna changent leur fusil d’épaule pour nous emmener à Pennystown, un bled paumé au milieu de nulle part.
C’est dans ce patelin égaré où les ados font exploser des citrouilles à la dynamite pour passer le temps que les deux frères démarrent leur récit sur un ton qui n’est pas trop éloigné d’Ultra, en abordant les déboires affectifs du jeune Ethan Daniels avec une bonne dose d’humour. En revanche, la rencontre de ce dernier avec une étrange jeune fille, muette et entièrement nue, orientera rapidement le récit vers un thriller fantastique dans la lignée de Stephen King, et ce bled où il n’y avait rien à foutre va vite se transformer en huis-clos cauchemardesque.
L’histoire se sert de nombreux clichés : une ambiance rurale du fin fond des States propice au cauchemar, les habitants d’un petit village basculant dans l’horreur, un élément surnaturel surgissant d’un champ de maïs et le petit flic local devant affronter seul un événement qui le dépasse.
Et pourtant, l’approche des deux californiens ne manque pas d’originalité, car en remplaçant le monstre tueur ‘classique’ par une créature attirante, ils vont pouvoir développer les relations entre hommes et femmes et faire de la guerre des sexes un des éléments principaux du récit.
De plus, grâce à un univers osé, basé sur un symbolisme sexuel manifeste, et incorporant des femmes nues à la violence barbare et des spermatozoïdes tueurs géants, les auteurs arrivent à développer un récit brut et honnête, dénué des barrières morales habituelles. Ce cadre propice à la subversion des fantaisies masculines permet des interactions totalement libérés entre hommes et femmes.
Si les frères travaillent ensemble sur l’intrigue, c’est Jonathan qui s’occupe du dessin (crayonnage et encrage) et de la colorisation sur ordinateur, alors que Josh s’occupe du story-board, de la mise en page et du lettrage. S’inspirant du cinéma et de la photographie, Jonathan utilise (et abuse) des effets de flous pour créer de la profondeur sur certaines scènes. Mais mis à part cette absence de finesse au niveau des arrière-plans et un certain manque d’expressivité au niveau des personnages, ce graphisme contribue à l’ambiance pleine d’originalité et nous livre quelques couvertures splendides.
Bref, ce premier des quatre tomes de «Girls» confirme le talent des frères Luna et nous intrigue quant à la suite des évènements dans cet univers audacieux.
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