Catwoman Lonely City
Scénariste : Cliff Chiang
Dessinateur : Cliff Chiang
Editeur: Urban Comics
Il y a dix ans, le massacre connu sous le nom de Nuit du Fou coûta la vie à Batman, à Nightwing, au commissaire Gordon ainsi qu'au Joker... et a envoyé Catwoman derrière les barreaux. Une décennie plus tard, Gotham a changé et remisé l'héroïsme et autres phénomènes de foire au rayon des souvenirs encombrants. La nouvelle Gotham est plus propre, plus sûre... et désormais placée sous l'oeil vigilant du maire Harvey Dent et de ses Batcops. C'est dans cette nouvelle ville que Selina Kyle revient, marquée, avec en tête un dernier gros coup : les secrets enfouis de la Batcave et une ultime promesse faite à Bruce Wayne !
Voici un album que je suis ravi d’avoir eu entre les mains !
Dès les premières pages, le ton est donné : Catwoman est finie. Non seulement son identité a été dévoilée lors de son arrestation mais elle a dix ans de plus et se retrouve bien seule à sa sortie de prison. Seule face à une Gotham transformée et autoritaire mais aussi seule face à son deuil et sa culpabilité. Batman n’est plus et il ne reste qu’une promesse dans le cœur de celle qui aura réussi plus d’une fois à faire tanguer le chevalier noir.
Ce livre est remarquable et ce pour plusieurs raisons. La première c’est l’auteur, qui écrit et dessine ce livre. Ce n’est pas rien ! La deuxième c’est le graphisme engagé qui vient appuyer cette atmosphère, qui sera mon troisième point, en équilibre entre nostalgie et revanche.
L’auteur, âgé de 49 ans était pour moi presque un inconnu, si ce n’est pour sa série « Paper Girls » qui a fait des débuts très prometteurs sur Prime vidéo et pour laquelle il a remporté un Eisner et un prix Harvey de la meilleure nouvelle série ! Vous le savez maintenant, les auteurs seuls aux différents postes de création d’une œuvre ont toujours eu mon humble respect et Cliff Chiang se rajoute à ce petit club fermé.
Son graphisme est soigné, détaillé et superbement mis en couleur dans des tons pastel qui viennent appuyer l’ambiance générale de l’histoire. L’encrage est net et n’étouffe absolument pas l’ensemble. C’est très beau et agréable à lire. Les personnages sont parfaitement cernés et identifiables, en témoigne le travail de recherche qu’il est possible de découvrir en fin de livre. Moi, il m’avait conquis immédiatement avec cette splendide cover !
Et le scénario dans tout ça ? Il fait corps avec mon troisième point. Il appuie où ça fait mal : nous vieillissons tous et ce n’est pas toujours une chose facile à accepter. Si vous rajoutez à cela les flashbacks des circonstances de la mort de Batman, du commissaire,… vous voilà bercé dans cette mélancolie permanente et surprenante à la fois ! Mais attention, j’insiste sur ce fait mais ce n’est pas pour autant démoralisant, c’est juste rare dans un comics de super-héros. Aussi rare que de ne pas voir Bruce Wayne ressusciter par je ne sais quelle magie à un moment donné.
La magie, parlons en justement. Ce sera mon seul bémol pour ce récit. Elle vient un peu dénaturer l’ensemble et je ne la trouve pas vraiment utile qui plus est. Elle vient égratigner cette dystopie qui fonctionnait pas mal jusque-là, en acceptant bien entendu le postulat de base des super-héros. Heureusement, son utilisation est brève et ne sert pas réellement à la résolution de l’intrigue.
Pour résumer, Lonely City c’est 244 pages hors normes, qui méritent une belle place dans nos coups de cœur. Une petite sortie hors des sentiers battus qui pourraient intéresser un public différent, peu habitué à l’univers de Batman.