Bone Parish
Scénariste : CULENN BUNN
Dessinateur : JONAS SCHARF
Coloriste : ALEX GUIMARAES
Editeur: Delcourt
Une nouvelle drogue envahit les rues de la Nouvelle-Orléans. Une véritable guerre s’engage alors pour le contrôle de la production et de la distribution car la demande explose…
Pendant que les tensions montent, les utilisateurs de cette drogue se mettent à expérimenter de terrifiantes visions de personnes mortes, revenues à la vie grâce - ou à cause - d’eux et de leur addiction !
Mon avis:
Le postulat de départ me plait bien, en inhalant une drogue fabriquée à partir des cendres de personnes connues ou au parcours extraordinaire, il est possible de revivre des moments clés de la vie de ceux-ci, dans un trip jamais connu jusqu’alors.
Imaginez: vous vous retrouvez sur scène à chanter ce tube qui a fait vibrer toute une génération de jeunes par le passé, comme si c’était vous la star que toutes les groupies s’arrachent! Imaginez revivre la scène d’un gourou qui pousse sa secte au suicide collectif et ressentir l’instant de sa mort, adulé par tous…
Bien sûr, une drogue avec ce pouvoir serait l’objet de beaucoup de convoitises. Des organisations peu scrupuleuses sont en effet prêtes à tout pour s’emparer de celle-ci des mains de la famille Winters, dont la recette n’est connue que de leur fille, Brigitte. New-Yorkais, Mexicains, il commence a y avoir du monde qui s’intéresse à ce butin à la fois glauque et lucratif.
La famille Winters, en deuil du père, est guidée par la veuve, en proie à ses propres démons et qui doit sans cesse prouver à tous sa légitimité comme nouvelle baronne de la drogue en Louisiane. Ce n’est pas chose aisée avec l’ainé qui se sent pousser des ailes et avec une volonté de pouvoir.
C’est un premier opus plutôt court, une centaine de pages, qui pose les bases de cette histoire forte intéressante. Un récit d’horreur qui prend malgré tout le temps de s’installer au fil des pages, devenant de plus en plus oppressant, ne laissant aucun doute sur le carnage futur d’ici la fin du troisième et dernier tome. Il y a beaucoup de belles trouvailles sur le sujet, la cendre étant utilisée de différentes façons suivant les cas, apportant parfois du réconfort, de la connaissance, des capacités ou encore la mort.
Nous sommes accompagnés à la lecture par un dessin nerveux et assombri par un encrage profond et une colorimétrie en phase avec le sujet. L’usage des couleurs est fait de façon intelligente et nous transporte au travers des différents tableaux sans effort de notre part. La palette de couleurs rose, magenta est intégralement réservée à la drogue elle même et ses effets, rendant la lecture fluide et donnant la dynamique nécessaire à l’action. Fait intéressant, la quasi totalité du livre se passe de nuit, dans une pénombre plutôt anxiogène et quand bien même quelques rares scènes de jour surviennent, elles sont absorbées par cette ambiance noire.
C’est une belle promesse qui nous est faite avec ce premier acte de Bone Parish, il y a de bonnes idées et l’ensemble est très bien écrit. Culenn Bunn réussi à mettre en place les bases nécessaires à son intrigue tout en y insérant des énigmes qui devraient apporter quelques surprises dans les deux prochains tomes. A suivre de près!