Série: Bowery Boys #
Auteurs: Ian BERTRAM, Brent MAC KEE, Cory LEVINE, Rodrigo AVILES
Editeur BD: Glenat
Une chronique Comics: Génération BD
New-York, 1854. Les conflits entre ouvrier et le patronat font rage, les briseurs de grève ne font pas les choses à moitié et les bandes urbaines s’étripent joyeusement. Bref, l’ambiance est tout sauf pacifique !
Bill Mac Govern fait partie de ces meneurs de grève, qui y croient et ira jusqu’au bout pour améliorer la vie des travailleurs. Après des années de combats sociaux pour le syndicat des charpentiers de la Bowery, il n’en éprouve pas moins une certaine lassitude… Son jeune fils, Nikolaus, lui apporte son soutien comme il peut.
Lors d’un meeting, Mac Govern doit affronter un certain Welsh et son escouade de casseurs, les coups pleuvent…
Lorsqu’un arrêt de travail est annoncé, Welsh fait appel à Rav, patron de la communauté juive, pour qu’un groupe aille casse le piquet de grève. Son fils Isaac ne comprend pas que son père se plie à ces demandes par intérêts, en contradiction avec ses principes religieux. Il accepte néanmoins de rejoindre le groupe qui participera au cassage du piquet. A nouveau le sang coule, Isaac se fait attraper mais ne doit son salut qu’à l’intervention de Nikolaus.
Lors de l’ouverture du spectacle financé par le richissime Roderick au profit de son incapable de fils, l’épouse du rentier se fait assassiner. Mac Govern est considéré comme le responsable de ce meurtre. Pour se sortir de cette situation, Nikolaus va faire appel à Isaac qui lui est redevable d’une vie… L’hémoglobine va à nouveau couler…
Si le nouveau monde est supposé respirer la quiétude et la prospérité, c’est plutôt raté ! Bowery Boys est une bande dessinée où la violence et le rapport de force sont omniprésents. Les coups volent, au couteau ou au marteau et les visages portent leurs stigmates. Non seulement contente d’être omniprésente, cette violence s’accroît au fur et à mesure que progresse le récit, pas de pitié tant pour les bons que pour les mauvais.
On sort un peu groggy de la lecture de ce livre tellement l’air y est irrespirable, on se dit que c’est « too much » mais en même probablement pas loin d’être vrai.
Dans la droite lignée du film de Martin Scorsese : Gangs of New-York, lui aussi décrié par sa violence extrême et qui se déroule 9 ans plus tard que ce récit, Bowery Boys décrit particulièrement bien le mal être des irlandais débarqués en grand nombre sur le sol américain suite à la grande famine de 1847. La population américaine aura encore le plaisir de s’étriper gaiement entre elle puisque la guerre de Sécession éclate en 1861…
Le style démesuré de certains personnages et les de Bertram et Mac Kee n’est finalement qu’à l’image de cette violence démesurée, la caricature des visages déformés par les coups propres aux comics se révèlent finalement bien réalistes dans ce contexte d’histoire où la bestialité est tout sauf animale !
Un album sans poésie mais qui décrit bien la crudité des choses et un bon rappel de ces temps difficiles. Ames sensibles s’abstenir !