Le retour de Lagaffe
Dessinateur : Marc Delaf (d'après André Franquin)
Scénariste : Marc Delaf
Coloriste : Ben BK
Editeur: Dupuis
En guise d’introduction…
Pour en savoir plus sur ce retour, cliquez ici afin de vous (re)mettre en mémoire sa génèse
Pour évacuer les « pour » et les « contre », on vous renvoie vers le site des éditions Dupuis qui ont mis en place une FAQ pour aider les lecteurs intéressés à comprendre leur position : https://www.dupuis.com/actualites/FR/franquin-et-gaston-lagaffe/4973
Et pour lire les commentaires opposés, rendez-vous sur les réseaux sociaux.
Ce qu’on en a pensé…
Magnifique ! « Le » Gaston Lagaffe est de retour !
Le Gaston de Delaf (le nouvel auteur) est à 90% digne de celui de Franquin : tout au plus retrouve-t-on au détour d’une case un personnage au maintien plus « élastique » propre au style Delaf (cfr. sa série « Les Nombrils »). Les esprits chagrins argumenteront que c’est parce que l’auteur a avoué s’être constitué une photothèque de tous les personnages et objets dessinés par Franquin et qu’il ne fait que « coller » ces images dans ses cases. Cette affirmation est totalement fausse : Delaf a bien précisé que cette bibliothèque d’images ne lui servait que pour son inspiration. A titre personnel, j’ai en horreur les dessinateurs qui « photocopient » leurs dessins de case en case par fainéantise. Ce n’est absolument pas le cas ici.
L’autre grosse incertitude était évidemment sur la qualité des gags imaginés par Delaf. N’est pas Franquin qui veut et Delaf s’est mis un fameux challenge sur les épaules en prenant en charge tout le boulot ! L’éditeur aurait très bien pu le faire entourer d’une équipe de scénaristes afin de bien rester dans les clous, mais il a fait le choix de laisser carte blanche à l’auteur … et le résultat s’avère totalement à la hauteur du défi !
Les cases fourmillent des petits détails chers à Franquin et qui donnent une autre seconde lecture à la planche.
L’essence même de la série et de son anti-héros pacifiste, inventif et rêveur est préservé, voir même appuyé : ainsi, on a vraiment apprécié de savoir « pourquoi » donc notre héros arrive éreinté au bureau le lundi matin ! Cette planche nous a véritablement surpris et -même si dans l’absolu, on préfère voir une partie du mystère de la vie de nos héros préservées (on n’est pas fan des explications fumeuses servant de justifications obligatoires pour être sûr que le lecteur comprenne bien le « pourquoi »), ici on n’a pas du tout eu l’impression de suivre une docte (et barbante !) explication.
Mais ce que nous avons sans doute le plus apprécié dans ce tome est la construction des gags, avec très souvent leur double conclusion en case finale : le gag visuel tombe, appuyé d’une « Fatality narrative » qui appuie encore sur le comique de situation attendu, un second effet KissCool en somme ! Ainsi, en exemple, regardez cette planche : Prunelle se prend la boule de bowling sur le rable, (c’est le gag « attendu »), mais le tout est souligné doublement et en rouge par la punch line final : « boh, allez ! Avouez que je vous ai manqué ! » « Moi de peu ! » et le pauvre Prunelle dont on ne voit que la main levée : « Moi pas… » C’est la première planche que Delaf nous propose dans ce 22ème tome et avec lui, il met directement les pendules à l’heure !
Bravo Delaf, c’est du grand Art ! L’ultra fan des œuvres de Franquin que je suis personnellement applaudit cette reprise !
Pour en savoir (encore) + …
Grosse opération commerciale (évidemment !) pour l’éditeur, avec un tirage initial de … 1 200 000 d’exemplaires (seul le nouvel Astérix fait -encore!- plus fort cette année avec ses 5 000 000 d'exemplaires... Deux tirages de fous, assurément!
Milan Morales