Le féminisme vu par les vieux mâles en fin de course
Dessinateur : Jim
Scénariste : Jim
Coloriste : Delphine
Editeur: Anspach
L’histoire de ce 1er tome, en quelques lignes… (par l’éditeur)
Un livre joyeux et impertinent sur l'agonie des vieux mâles perdus face à l’émergence des idées féministes et des nouvelles règles d’aujourd’hui…
"Le chant du cygne..." Employée en France depuis le XVIle siècle, cette expression trouve son origine dans une croyance de la Grèce antique Le cygne, connu pour son chant dissonant, aurait un moment de grâce musicale juste avant de mourir.
Le chant du cygne, c'est le dernier cri des hommes perdus face à l'émergence des idées féministes, c'est la dernière complainte du macho obsolète et des masculinités dépassées.
C'est un cri. C'est une multitude de regards sur la foultitude des points de vue et d'avis contradictoires.
Le côté obsolète et absurde de ces regards masculins, un peu ridicules, justifie l'humour et les excès nécessaires à ce type d'ouvrage.
Un livre grinçant, mais qui va dans le sens de l'évolution de la société. Un livre qui incite le lecteur au questionnement par rapport aux codes d'autrefois, sans casser le féminisme, la libération de la parole de la femme et de la transformation des hommes.
Ce qu’on en a pensé…
A titre personnel, je suis un grand amateur des ouvrages et des univers créés par Jim. Ainsi, sa série « Une nuit à Rome » m’a réellement ému aux larmes. Depuis lors, j’acquiers chaque nouvelle histoire de l’auteur en « Day One »…
D’un autre côté, si vous suivez le PodCast « Les franco-belges » où j’officie, vous pouvez facilement imaginer mon intérêt personnel (voire mon identification !) à ce type de « vieux mâle » ;)
L’alignement des planètes étaient donc parfait et le coup de cœur pour cette BD cheminait déjà en mon fief…. Jusqu’au moment où j’ai ouvert ce nouveau livre et que j’ai constaté le travail graphique de l’auteur.
J’estime être un bon paresseux : je recherche toujours à être efficace dans mes tâches & fonctions afin de ne pas perdre de l’énergie en vain. A l’inverse, j’abhorre la fainéantise (qui emmène immanquablement à l’échec).
Dans le monde du IXème Art, je remarque très vite quand un dessinateur a utilisé le principe de la photocopieuse pour gagner du temps dans son travail (Morris en était devenu un triste exemple sur la fin de sa carrière).
Vous imaginez donc bien ma tête en voyant que Jim ne proposait qu’une seule illustration par page qu’il « photocopiait » de case en case, en changeant de-ci de-là le cadrage…. Certes, il n’est pas le seul à œuvrer ainsi (voyez ainsi le pourtant très vieux « Snoopy » de Schulz), cette technique porte d’ailleurs un nom : l’itération iconique. Il n’empêche : ce n’est absolument pas ma vision de la BD européenne et cet album est donc parti directement au fond de ma pile de BD/Manga à chroniquer !
C’est finalement hier soir que je l’ai reprise en mains, de guerre lasse.
Quelle erreur en mon chef !!! Je me suis fait complètement avoir par mes préjugés ! Certes la partie graphique est très pauvre, mais au profit intégral de la finesse des situations et des dialogues ! L’auteur a tout misé sur le narratif en exploitant totalement son idée de départ : confronter ses « vieux mâles » aux nouvelles règles empreintes de Wokisme actuelles !
L’auteur a eu le courage de nous transmettre -avec humour !- son questionnement sur les rapports compliqués entre les hommes et les femmes, mais de manière transgénérationnelle. Mais là où il fait fort, c’est qu’il s’en prend tant aux préjugés de ces « vieux mâles » qu’au excès de leurs répondants !
Sans nul doute, Jim a-t-il puisé son inspiration dans son vécu personnel…. Les situations sentent le réel, quitte parfois à aborder des sujets de cette actualité brûlante.
Le résultat s’avère tout simplement … truculent ! On vous en conseille donc sans détour son acquisition, mais en le découvrant petit-à-petit, sous peine d’en faire une fast-food lecture qui pourrait devenir indigeste.
Comme toujours, Jim nous livre ici une œuvre dont le public cible est l’adulte, qu’il soit jeune ou quinqua (voir au-delà !), qui fera rire tantôt de bon cœur, tantôt jaune tant ses propos sonneront justes et dérangeants les stéréotypes
Pour en savoir (encore) + sur l’auteur…
JIM, de son vrai nom Thierry Terrasson est né le 21 mars 1966.
Scénariste et dessinateur de plus de 100 albums de bandes dessinées, soit sous le pseudonyme de Jim (Une nuit à Rome, Petites Éclipses, L'invitation, Tous les défauts des mecs, 500 idées pour glander au boulot), soit sous le nom de Téhy (YIU, Fées et tendres automates, Reign…..).
Il a réalisé de nombreux courts métrages, et scénarisé de longs métrages. En 2023, il achèvera Belle Enfant, son premier long métrage.
Il a publié son premier roman en 2018: L'amour (en plus compliqué).
Milan Morales