Décembre 1993 - Août 1995
Dessinateur : Fabrice Neaud
Scénariste : Fabrice Neaud
Editeur: Delcourt
Fabrice Neaud poursuit son journal « public » (on ne peut plus parler de journal intime vu sa publication) qu’il avait initié dans ses journaux 1 et 2. Si les 22 premiers mois couverts par ces derniers (de février 1992 à décembre 1993) font 200 pages, le journal 3 qui couvre la période de décembre 1993à août 1995, 19 mois pour 400 pages (424 pour être précis !) Il est donc difficile de résumer un tel journal en quelques lignes…
Le livre de Neaud prend donc bien le temps de nous immerger dans le vécu de l’auteur, avec ce que cela peut avoir de dérangeant voire d’irritant. Lorsqu’il critique les « tolérants », Neaud pointe l’hypocrisie de tout un chacun ou en tout cas le manque de cohérence entre un discours qui se veut bienveillant et un comportement qui n’est pas en équation… Par son vécu et son mal-être, Neaud nous rappelle que l’homosexualité n’est pas encore une réalité sociale (qui plus est dans une petite ville plutôt traditionnelle) même s’il relève à un moment donné que cela aurait été probablement bien pire dans d’autres pays.
Le ton plaintif redondant peut parfois être irritant dans le sens où l’auteur apporte peu de perspectives à son mal-être. Il en va de même pour son amour inconditionnel, pour ne pas dire obsessionnel, pour Dominique qui revient régulièrement au fil des 400 pages. Il y a un moment où on a envie de dire : lâche-le, il ne le mérite pas et passe à autre chose !
En évoquant parfois sans équivoque sa sexualité (je pense à l’acte sexuel avec un militaire), Neaud nous renvoie aussi à la face cette dimension brute de l’homosexualité qui ne nous est à priori pas familière (si on est hétérosexuel).
C’est donc une immersion dans un monde qu’on pense connaître que nous intègre Fabrice Neaud, mais qui en fait nous en révèle toute la réalité de ses difficultés.
Je ne sais pas si j’aurai le courage du tome 4 qui vient de sortir (s’il fait aussi 400 pages), mais la lecture de ces trois premiers journaux a permis de découvrir un ressenti à côté duquel je ne serais passé que de manière superficielle ; c’est donc peut-être parfois fastidieux, car traîné par moments en longueurs, mais c’est également très enrichissant.