Après la chute
Série: Slava, Tome 1
Dessinateur : Pierre-Henry Gomont
Scénariste : Pierre-Henry Gomont
Coloriste : Pierre-Henry Gomont
Editeur: Dargaud
Années nonantes : la Russie est en pleine désorganisation depuis que Gorbatchev a réformé en profondeur le pays et qu’Eltsine, qui a pris sa relève, semble avoir toutes les difficultés pour offrir une stabilité au pays. C’est la période où de multiples personnes profitent de ce chaos de manière très opportuniste pour s’enrichir joyeusement.
Slava, un peintre dont la carrière a connu le même déclin que la Russie, a décidé d’accompagner son ami Lavrine qui n’a pas son pareil pour dénicher des magouilles toujours bien lucratives ; il espère ainsi découvrir le sens des affaires de son comparse pour pouvoir à son tour se lancer dans sa propre affaire lucrative ; la vente de ses toiles ne lui rapportant plus rien.
Les deux hommes dévalisent d’anciennes maisons de riches dirigeants pour revendre les objets de valeur qui s’y trouvent. Néanmoins, ils vont eux-mêmes être attaqués par une bande de pillards et ne devront leur salut qu’à une jeune fille (et sa carabine) nommée Nina.
Celle-ci les emmène chez leur père, Volodia, pas très causant, mais qui en impose physiquement. Nina et Volodia sont très attachés à leur région et surtout à la mine qui a nourri pendant des décennies toute la communauté.
Pour tenter de sauver celle-ci, Slava et Lavrine vont être chargés de vendre deux machines encore assez modernes de l’usine pour que les travailleurs deviennent propriétaires de leur outil de travail plutôt qu’un riche spéculateur. Accompagnés de Nina et Volodia, le quatuor va essayer de concrétiser ce projet, mais celui-ci s’avérera plus compliqué que prévu.Premier tome pour cette série Slava qui devrait en compter trois… Celui-ci a le mérite de nous immerger dans une Russie, certes imaginaire, mais probablement pas très loin de la réalité. L’intérêt est ici de se pencher sur une période très peu exploitée en bande dessinée qui suit la chute du communisme avec toutes ses espérances, mais surtout ses déboires.
La rugosité du peuple russe qui ne fait pas de cadeaux, les trafics et le commerce illégal, l’exploitation de riches très puissants… Tout permet au lecteur de rentrer dans une société qui nous dépayse et quelque part nous intrigue…
Ce premier tome de Slava est donc plutôt une belle réussite ! L’histoire est dynamique, mêlant un ton grave à une dimension humoristique, et le dessin de Pierre-Yves Gomont (Malaterre, La fuite des cerveaux) reste toujours bien original par son style graphique. Selon le dossier de presse, Gomont s’est inspiré d’une livre de Svletana Alexievitch (prix Nobel de la littérature) « La fin de l’homme rouge » ainsi que sa propre expérience de séjours dans les pays de l’Est.
Le deuxième tome devrait paraître dans un an, il ne faut donc plus que prendre son mal en patience en faisant cul sec avec un verre de vodka : « na zdrovie ! »