Soixante printemps en hiver
Série: Soixante printemps en hiver, Tome 0
Dessinateur : Aimée de Jongh
Coloriste : Aimée de Jongh
Scénariste : Ingrid Chabbert
Editeur: Dupuis
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Josy, elle a soixante ans et décidé de donner un gros coup de balai dans sa vie après avoir fait le constat que sa vie n’avait plus beaucoup de sens: alors que son mari, ses deux enfants et ses deux petits-enfants s’apprêtent à la voir souffler son gâteau d’anniversaire, Josy repousse son gâteau et après avoir demandé aux enfants de se retirer, explique à la famille qu’elle a décidé de quitter la famille ; ce qui crée un certain effarement…
Au bord, d’un vieux combi VW, Josy part donc à l’aventure et s’arrête sur une aire de parking isolée où elle rencontre une jeune femme, Camélia, qui vit dans une caravane avec son bébé, Tom, faute de trouver un autre logement… Une complicité va s’établir entre les deux femmes.
Camélia qui fait des ménages pour une dame va l’introduire auprès de celle-ci et Josy va faire la connaissance d’une groupe de femme qui se nomme le CVL : club des vilaines libérées. Chacune d’elle a fait le choix de quitter sa famille, n’y trouvant plus le bonheur.
Les choses ne sont pour autant pas toujours roses pour Josy qui doit subir les reproches et appels téléphoniques de sa famille. Parmi ce groupe de femme, Josy va se lier d’amitié avec Christine et cette relation va devenir amoureuse.
Tout cela bouscule Josy qui se dit que tout va trop vite, elle prend finalement la décision de retourner dans sa famille, même si le cœur n’y est pas vraiment, plutôt épuisée par ce combat incessant avec elle.
Lorsque peu après son retour, Josy apprend que son amie Christine est décédée tragiquement dans un accident de voiture, elle perd connaissance et se retrouve à l’hôpital, elle en sort éteinte…
Le temps passe et Josy se retrouve à nouveau confrontée à cette vie familiale tristounette où elle cohabite avec son mari. Est-ce vraiment la vie qu’elle souhaite ?On parle souvent de la crise de la quarantaine voire de la cinquantaine, mais jamais de la soixantaine ! Et pourtant, le temps efface parfois les sentiments de couple et la relation avec les enfants peut s’étioler avec le temps… Cette histoire est probablement celle que beaucoup de personnes imaginent de faire sans nécessairement franchir le pas… Se dire qu’on entre dans une nouvelle vie à soixante ans en quittant tout (y compris le confort matériel), il faut oser !
De Jongh et Chabbert ont pris le parti de jouer sur la fibre des sentiments sans « en faire de trop » ou tomber dans le caricatural. Il y a juste le club des vilaines libérées qui pour moi était un peu too much (Josy aurait pu rencontrer un groupe d’amies et nouer une relation amoureuse avec l’une d’entre elles). En présentant la situation de manière nuancée, on comprend l’envie de Josy de vivre pleinement sa vie mais aussi l’incompréhension de sa famille pour cette réaction peu ordinaire…
J’ai personnellement apprécié le dessin et la colorisation tout aussi sensibles et nuancés que l’histoire elle-même. Cette histoire de plus de cent pages se lit d’une traite et questionne le lecteur sur le statut de la femme, son droit à vivre la vie à laquelle elle est aspire… Elle montre aussi que la pression de l’entourage peut mettre à mal cette envie de liberté, comme si elle l’enfermait dans son stat de femme, de mère et de grand-mère…
C’est donc une nouvelle très belle histoire que nous présente la collection Aire Libre et comme c’est souvent le cas pour cette collection, je trouve qu’elle mérite mon coup de cœur !