Autopsie d'un tueur en série
Dessinateur : Eric Powell
Scénariste : Eric Powell
Scénariste : Harold Schechter
Editeur: Delcourt
Au cours des 210 pages, le lecteur se pose la question de savoir qui était réellement Ed Gein. Certes, son enfance avec un père alcoolique, mais surtout sa relation fusionnelle avec sa mère tyrannique ultrareligieuse constituaient un très mauvais départ dans la vie… Mais de là à se constituer une collection de sexes féminins, récupérés principalement de cadavres, mais également de quelques femmes qu’il avait assassinées… En prenant le temps de se documenter de manière très précise via différentes sources historiques (éléments de l’enquête et du procès, articles de presse…), les auteurs nous invitent à revivre ce fait divers sordide et à partager leurs interrogations sur la personnalité de ce psychopathe.
On a du mal à imaginer qu’une personne puisse faire preuve d’autant de cruauté et ait l’esprit aussi tordu et pervers pour s’amuser à se tricoter une peau de femme ou se fabriquer des masques humains (il utilisait aussi la peau humaine pour se faire un abat-jour et même tapisser une chaise…). Que faisait-il lorsqu’il enfilait ce costume, dansait-il avec les cadavres dont la peau des pieds était particulièrement sale comme lorsque l’on marche nu sur le sol ?
Le livre repend les différentes hypothèses possibles de ce passage à l’acte, les perturbations psychologiques. Ed Gein a-t-il déterré des femmes comme substitut à sa mère ? A-t-il eu des rapports sexuels avec les cadavres ? A-t-il développé une sorte de culte mystique de la femme ?
Le livre explique également pourquoi l’entourage n’a jamais cru qu’Ed Gein puisse avoir réalisé de tels actes… Comment imaginer l’imaginable ? Les interrogatoires de la police se révèleront particulièrement compliqués, Ed Gein se montrant tantôt trop collaborant et accompagnant le policier là) où celui-ci veut l’emmener tandis qu’à) d’autres moments ses réponses sont calculées, prudentes, évasives…
Tout cela est bien évidemment passionnant et extrêmement bien relaté, on ne peut que ressentir à la fois une certaine fascination pour ce personnage hors du commun mêlé à un dégout extrême. En fin de récit, ce livre explique combien ces faits ont ébranlé l’Amérique de l’époque (des romans et des films s’en inspirèrent) tout comme ils ébranlent encore le lecteur d’aujourd’hui…
Tout cela constitue au final un excellent récit dont le lecteur ne sort pas indemne, le choix du noir et blanc s’imposait, car le rouge sang n’aurait rien apporté de plus… Un récit terrifiant, mais aussi un récit à ne pas rater. Je lui donne un coup de cœur de manière indiscutable…