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Chronique BD: Celle qui parle # 0

Celle qui parle

Série: Celle qui parle, Tome 0
Dessinateur : Alicia Jarba
Scénariste : Alicia Jarba
Coloriste : Alicia Jarba
Editeur: Grand Angle

Malinalli, la fille du cacique (chef) d’Oluta, petit village d'Oluta aurait pu avoir la belle vie si le contexte régional n’était pas si dramatique. Son père s’est fait tuer et le village reçoit l’intrusion fréquente des Mexicas, un tribut voisine très puissante, qui viennent emporter les vivres et emmènent des jeunes comme esclaves.
Ce qui devait arriver arrivera finalement et Malinalli est emmenée comme esclaves, elle est vendue au cacique maya de Potonchan. Elle bénéficiera du soutien d’une autre esclave nommé Zaazil qui lui est reconnaissante de lui avoir sauvé son bébé via des plantes. Zaazil va apprendre à Malinalli la langue maya. La jeune fille, devenue une jeune femme, sera aussi initiée à la sexualité par son cacique qui semble plutôt bien y faire.
Les choses iraient presque bien pour Malinalli jusqu’au moment où vont débarquer des navires espagnols qui soumettront facilement la population locale grâce à leurs armes. L’avantage de la jeune femme est qu’elle maîtrise les deux langues locales. Grâce à un prêtre espagnol, elle va également acquérir cette troisième langue…
Le chef espagnol, Hernan Cortès va proposer à Malinalli de lui servir d’interprète, elle va accepter en demandant en contrepartie qu’on la ramène ensuite près de siens. Mais Malinalli va faire davantage que de la traduction, cherchant les compromis pour éviter les bains de sang… Une relation amoureuse va également naître avec Cortès et la jeune femme va davantage s’affirmer.



Fameuse histoire de 214 pages que nous raconte Alicia Jaraba. Basée sur des faits historiques, on découvre le parcours assez incroyable qui passe du statut de fille du chef de tribu à esclave pour devenir ensuite traductrice/médiatrice et compagne du chef espagnol le plus puissant sur le territoire… C’est aussi l’histoire d’une jeune femme qui va progressivement ne plus subir sa vie pour en prendre progressivement la maîtrise… Un fameux parcours et bien de notre époque, sensible à la cause féministe…

C’est un travail remarquable qu’a donc réalisé Alicia Jaraba dans l’élaboration du scénario, mais également dans son graphisme à la fois épuré, mais également bien travaillé, l’apport des couleurs est également très bien maîtrisé. Il permet de faire découvrir une zone (le Mexique) à une époque bien particulière de son histoire, mais aussi la vie d’une légende locale, celle de Malinalli dite « la Malinche ». L’ambiguïté du personnage tient probablement dans le fait qu’on ne sait pas jusqu’où la jeune femme intervenait pour protéger son peuple (ou lui éviter un combat inutile) et jusqu’où elle n’était pas une traîtresse à la solde des Espagnols… Probablement qu’elle était tiraillée entre ces deux émotions, d’autant que des gens de son propre peuple n’avaient pas été tendres avec elle…



Le fait de suivre le personnage tout au long de ces deux cents pages permet de mieux appréhender la personnalité de cette jeune femme finalement plus complexe qu’il n’y parait, partagée entre son attachement pour son peuple et son amour pour Cortès, mais écoutant souvent son cœur pour essayer de faire les meilleurs choix…

C’est donc un coup de cœur pour une histoire d’une femme simple vouée à exercer un rôle important dans l’histoire après avoir longtemps été bafouée !

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