Amour cru
Dessinateur : Grégory Mardon
Coloriste : Grégory Mardon
Scénariste : Eldiablo
Scénariste : Gyl-N
Editeur: Glenat
Soyons clair dès le départ, « Amour cru » n’est pas un livre à mettre dans toutes les mains, ce n’est pas pour rien que l’album fait partie de la collection Porn’Pop de Glénat. Lorsqu’on est amené à chroniquer un tel album, la question se pose très vite de savoir si on est davantage dans la pornographie que dans l’érotisme avec une sexualité bien assumée…
Si l’on se base sur les gros plans des sexes dessinés dans le cadre des relations sexuelles, on serait tenté de pencher pour de la pornographie, même si les corps sont plutôt bien dessinés et donc d’une certaine qualité esthétique…
Si l’on se base sur l’histoire développée par « Eldiablo « (sur une idée originale de sa compagne Gyl-N), on ne peut que constater qu’il en existe une et plutôt bien construite (contrairement à la pornographie où le récit est souvent plus que basique) et contient même une réflexion sur les limites des libertés individuelles à vivre ses phantasmes. Le personnage de Mélina n’a pas du tout le prototype de femme soumise aux désirs de l’homme ; c’est même plutôt elle qui mène la barque… Dans la relation entre Charlie et Alan, on est dans une relation assumée par les deux protagonistes, bien loin des clichés de la femme soumise, subissant la sexualité bestiale de l’homme…
Enfin, contrairement à une bande dessinée pornographique, il n’y a pas des scènes de sexe à toutes les pages et c’est pour toutes ces raisons que je classerais plutôt « Amour cru » dans cette seconde catégorie.
Certes, on pourrait trouver l’idée de l’orgasme anthropophage un peu tirée par les cheveux, mais l’idée ici me semble plutôt de créer une réflexion chez l’auteur des limites qu’un couple doit (ou ne doit pas) se fixer pour partager un moment qui leur procure à tous les deux un moment de plaisir intense. Ce même questionnement pourrait également se poser avec le sadomasochisme où les frontières du trop loin peuvent être dépassées…
Il n’empêche que cet album est loin d’être inintéressant pour le lecteur que ce genre de thème ne choque pas trop vite… Le dessin de Mardon n’y est certainement pas étranger, lui qui a déjà officié dans nombres autres récits de qualité (parus chez Dargaud, Futuropolis et Aire Libre chez Dupuis). Une histoire à parcourir en dégustant un steak bien saignant !