La Fiancée
Dessinateur : Eddy Vaccaro
Coloriste : Eddy Vaccaro
Scénariste : Gwenaëlle Abolivier
Editeur: Soleil
Cela fait 80 ans que Guy a été fusillé avec ses camarades le 22 octobre 1941. Et par le regard d’Odette Nilès, née Lecland, encore vivante à ce jour, Gwennaëlle Abolivier et Eddy Vaccaro ont voulu rendre hommage à cet acte de bravoure, mais aussi à cette belle histoire.
Je suis souvent amené à chroniquer des bandes dessinées (romans graphiques ou autres) sur le thème de la guerre et de la résistance dont bon nombre se basent sur des destinées de personnes hors du commun dans leur bravoure, leur altruisme où leur dévouement à leur cause… Ce livre vient apporter sa pierre en plus à l’édifice de ce souvenir salutaire, parce qu’il ne faut pas oublier.
Les personnes qui étaient prisonnières au camp Choisel de Chateaubriant n’étaient pas pour la plupart des gens qui avaient du sang sur les mains. Leur principale « faute » était d’avoir été fidèles à leur idées et d’avoir milité pour elles et contre le pouvoir de Pétain sous la coupe allemande.
Au début, j’ai été touché par la jeunesse quasi innocente d’Odette et Guy et ai été surpris par cette ambiance quasi « bon enfant » qui régnait dans cette prison, mais le fait que cela se passait bien pour eux limitait mon empathie par rapport à ce qu’ils vivaient. Lorsque les événements sont devenus dramatiques, j’ai admiré le courage et la dignité de ces prisonniers qui se savaient condamnés à mort. À raison, le livre développe bien tout ce temps entre l’annonce où les prisonniers se savent condamnés, leur réaction, mais également leur bravoure face à la mort et l’on ne peut que rester songeur en refermant le livre.
Jointe dans une enveloppe encartée en fin d’album, on peut lire une copie conforme du petit mot de Guy Moquet adressé à Odette alors qu’il se savait condamné, renforçant le caractère concret du récit. Le récit de détention d’Odette Nilès mériterait d’être raconté dans son entièreté. Le livre n’en fait pas mention, car il préfère faire le focus sur la relation amoureuse et la condamnation à mort.
C’est donc un superbe hommage que les auteurs rendent à des hommes d’exception, mais aussi à la femme qu’était Odette Nilès qui a su s’affirmer dans un contexte où les femmes avaient peu de place pour exprimer leur opinion. Dans sa préface, Gwenaëlle Abolivier explique combien ce combat pour les libertés reste d’actualité et rend hommage à toutes ces personnes qui résistent encore aujourd’hui, mettant leur énergie pour des causes comme la démocratie ou le climat et se battant pour un monde plus juste. Je ne peux que la rejoindre dans cette démarche, tant elle me semble salutaire…