Spirou et les petits formats
Auteurs : Christelle & Bertrand Pissavy-Yvernault
Dessinateurs: André Franquin & Jean Roba
Editeur: Dupuis
La préface de cet ouvrage, par l’éditeur…
Spirou et les petits formats est un épisode de « Spirou et Fantasio» qui a connu plusieurs déclinaisons.
Comme Spirou et les hommes-bulles et Tembo Tabou, il fut initialement publié dans Le Parisien libéré à l'occasion d'un partenariat promotionnel entre les éditions Dupuis et ce quotidien français, sous forme de planches de six bandes en noir et blanc.
Par la suite, il fut repris en couleurs dans le Journal de Spirou, puis en album. Le format atypique de ses planches contraignit l'éditeur belge à reconsidérer le découpage afin de le faire correspondre au standard éditorial de ses publications.
Puis, au début des années 2010, Dupuis estima que les épisodes de « Spirou et Fantasio » gagneraient à être remis en couleurs d'après les indications originelles de Franquin.
Conseillé par la fille du dessinateur, Frédéric Jannin s'acquitta alors de cette mission, et c'est cette version recolorisée que nous vous proposons de découvrir.
La générosité d'un collectionneur de l'œuvre de Franquin nous permet de vous proposer, ensuite, les planches telles qu'elles furent publiées dans Le Parisien libéré entre le 3 septembre 1960 et le 14 janvier 1961. C'est ici l'occasion de découvrir le découpage initial de cet épisode, dans sa version noir et blanc rehaussée de gris tramés, où chaque page de six strips est conçue comme un tout.
Afin de remonter plus loin encore dans l'œuvre, nous vous présentons également les planches originales de ce récit, toutes accompagnées d'un commentaire.
Malheureusement, les archives du dessinateur ne recelant plus l'intégralité des soixante demi-planches réalisées à quatre mains par André Franquin et Jean Roba, c'est auprès des maisons de ventes aux enchères, collectionneurs et autres heureux détenteurs de ces trésors que nous nous sommes efforcés de reconstituer la série.
Hélas, mille fois hélas, cela n'a pas suffi, et certaines pages sont restées introuvables.
Néanmoins, un soin particulier a été accordé à l'ensemble afin que les amateurs de «Spirou et Fantasio» puissent profiter pleinement de la beauté grand format de ces dessins originaux...
Le résumé de cette aventure…
Fantasio disparaît alors qu'il doit interviewer à Champignac le docteur Solfatare, qui possède une grande collection de miniatures, pour préparer un reportage qu'il dit extraordinaire. Spirou le retrouve sous forme de statuette étrangement semblable.
Spirou alerte le comte de Champignac qui constate au microscope que ce n'est pas le vrai Fantasio figé et réduit, mais juste une excellente reproduction, une photo en trois dimensions. Mais alors, où est Fantasio ? Qu’est-il advenu de lui ??
Ce qu’on en a pensé…
7 années pleines séparent les dates de parution de cet ouvrage avec son précédent « La Quick Super ».
Mais pourquoi donc faire un album de 136 pages pour une histoire « secondaire » de Spirou qui n’en faisait que 30 dans l’album « Spirou et les hommes-bulles »?!
Assurément, encore une opération bassement mercantile ! Oui mais… pas du tout !
Les plus connaisseurs d’entre nous auront déjà eu la puce à l’oreille en voyant les noms du couple Pissavy-Yvernault en bas de la couverture… Ces 2 historiens de la Bande Dessinée commettent depuis bien des années des études ultra-documentées et vérifiées, agrémentées de foultitude d’illustrations bien souvent inconnues du grand public !
Leur approche pour la réalisation de l’étude de cette histoire est inédite pour la collection : mettre en perspective ces 3 éditions différentes :
- la première, lors de la publication dans « le Parisien libéré » et ses 20 planches en noir et blanc tramé
- la seconde, dans sa version fac-similé des originaux
- et enfin la dernière en couleurs.
Si évidemment cette dernière attire en premier le regard grâce à un méticuleux travail de recolorisation des planches par Fred Janin (qui s’est basé sur les indications de l’époque de Franquin), on doit avouer que ce sont les planches issues du « Parisien libéré » qui nous ont le plus estomaqué ! On passe d’une planche à 4 bandes à une 6 bandes ! Fameux changement pour l’amateur car la dynamique de lecture est alors totalement différente et l’on voit enfin les fameux suspens de fin de pages tombés réellement au bon endroit !
Le travail de recherche pour retrouver les originaux de ces 3 versions a demandé un temps infini à toute l’équipe qui a travaillé dans cette aventure ! (Pour illustrer cette chronique, on a repris une même séquence de cette histoire dans ses 3 versions).
Pourtant, le plus beau reste pourtant encore à venir : la troisième partie, celle où chaque demi-planche est commentée par nos 2 historiens ! Quelle folie, quel maelström d’anecdotes plus croustillantes & instructives les unes que les autres !
Pour vous mettre l’eau à la bouche, en voici quelques unes :
- Débordé par son travail sur Spirou, Gaston, Modeste & Pompon (sans compter les extras hebdomadaires pour le Journal de Spirou), André Franquin a réalisé plusieurs histoires avec un p’tit gars bien sympa et prometteur, un certain « Roba »…. Cette aventure a donc été conçue à 4 mains : Roba s’attelant sur les décors et les personnages secondaires, Franquin sur les héros, le découpage, la finition.
- Franquin s’est toujours plaint à qui voulait l’entendre que Spirou était un héros « à l’ancienne » : lisse, moral, sans grands états d’âme… Il aura fallu des années à l’auteur pour faire évoluer son héros d’ « espiègle au grand cœur » à un être bondissant, plein d’énergie et ponctuellement capable de sortir de ses gongs, comme dans cette histoire !
- Boule et Bill, les futurs héros de Roba, ont réalisé un cross-over dans cet album en clin d’œil et à l’insu de Franquin : « Il fallait bien des petits personnages qui passent à la fête foraine, alors pourquoi ne pas mettre les miens ?» disait l’auteur avec un brin de malice. Et on vous laissera découvrir dans cette étude de la planche 17 la suite de cette anecdote qu’on ignorait totalement !
- Dernier exemple : si aujourd’hui, la mode photographique est au Selfie, savez-vous qu’en cette époque, il était de bon ton de se faire photographier au stand de tir à la carabine en pleine action ?
Bravo donc à Christelle & Bertrand Pissavy-Yvernault pour leur incroyable talent de conteurs.
A Fred Janin pour avoir redonné une vie en full couleurs aux planches de Franquin sans les dénaturer !
Et aussi évidemment à Sergio Honorez, José-Louis Bocquet et Philippe Ghielmetti pour avoir contribué et soutenu de la meilleure des manières ce projet de fou !
Milan Morales