BD Classic

BD

Chronique BD: Malgré tout # 0

Malgré tout

Série: Malgré tout, Tome 0
Dessinateur : Jordi Lafebre
Scénariste : Jordi Lafebre
Coloriste : Jordi Lafebre
Coloriste : Clémence Sapin
Editeur: Dargaud

Tout commence par la fin… Un couple de personnes d’un âge respectable se retrouve sur un banc comme s’il s’agissait du premier jour de leur amour naissant…
Et pourtant… Ce n’est que récemment qu’Ana a décidé de franchir le pont pour aller vers son amour de toujours nommé Zéno… Franchir le pont est la bonne expression car c’est elle qui a fait construire un pont pour créer un lien entre les deux parties de la ville dont elle a été élue maire, poste qu’elle a conservé pendant des années grâce à sa motivation et son sens du bien public… Durant cette période, elle s’est mariée à Giuseppe, une crème d’homme avec qui elle a eu une fille et maintenant une petite fille.
Il faut dire que Zeno n’a pas non plus contribué à ce qu’une idylle se concrétise tout de suite, accaparé par sa thèse de doctorant visant à démontrer que si le temps avance, aucune loi ne l’empêche de reculer. Il lui faudra quarante ans pour développer sa thèse et c’est donc à sa pension qu’il devient docteur… Quarante années, dont plusieurs à passer sur les mers pour observer les animaux marins mais aussi plusieurs autres, au fond de sa libraire au charme désuet.
La vie a donc fait que ces deux-là ont mené une vie parallèle, souvent en gardant le contact mais pas toujours. Aujourd’hui, en ce début d’album et cette fin de vie, Zéno et Ana peuvent enfin vivre pleinement cette passion née dans leur jeunesse en toute fin d’album…

malgré_tout_01.jpg

C’est rare une bande dessinée qui commence par le chapitre 20 et se termine par le chapitre 1 (sauf si vous n’êtes pas habitués à lire des mangas !) et c’est pourtant à un feed-back sans retour vers le présent où nous sommes invités ici… On découvre donc comment est née une histoire d’amour en commençant par sa fin et ce n’est probablement pas un hasard si Ana commence par la lettre A et Zeno par… !

Au-delà de cette approche atypique et un peu déconcertante au départ, « Malgré tout » est avant tout une belle leçon de vie entre des êtres aimants et respectueux du bonheur de l’autre. Jordi Lafèbre nous avait déjà donné une belle idée de son talent via « Les beaux été » qui non seulement nous rappellent des souvenirs de jeunesse mais surtout livrent des histoires qui transpirent de toute part de ces petits bonheurs simples du quotidien, le tout agrémenté par un dessin agréable, presque léger…

Aujourd’hui, Lafebre remet le couvert en se centrant sur une relation amoureuse qui, à peine éclose, se retrouve dans des conditions particulières (occupations professionnelles) pour ne pas se développer… Le temps passe mais les sentiments restent et ne perdent en rien de leur intensité…

malgré_tout_03.jpg

Ce qui est chouette aussi, c’est que beaucoup de personnages périphériques par rapport aux deux principaux sont également empreints de cette bienveillance. Quand on lit Lafebre, on se surprend à rêver un monde meilleur, positif et basé sur des valeurs de tolérance et d’humanisme, le tout avec la petite touche d’humour qui fait la différence…

Parce que « Malgré tout » fait vachement du bien en cette période de sinistrose lié à la covid mais surtout par que l’auteur par le biais de cette histoire simple nous rappelle combien la vie est précieuse et mérité d’être pleinement vécue, je donne sans hésitation mon coup de cœur pour cet album. Dépêchez-vous d’aller l’acheter, c’est bien moins cher qu’une thérapie et cela fait vraiment du bien !

Identification (2)