L’album « Libres ! » se trouve dans la frontière ténue entre la bande dessinée et le roman. Comme son sous-titre l’indique, « Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels », il s’agit d’un livre militant qui combat les clichés véhiculés par la pornographie (voire les médias amateurs de sensationnalisme comme Sudpresse…).
Le textes rédigés par Ovidie sont illustrés par quelques planches de Diglee Passant en revue différents thèmes (la fellation, le culte de la minceur et des formes arrondies, la sodomie,…),
Ovidie démonte un à un les stéréotypes pour replacer au centre du débat le droit de la femme à gérer sa sexualité en pleine conscience plutôt que de la subir.
On pourrait reprocher à Ovidie un style trop direct mais celui-ci a au moins le mérite de la clarté : elle appellera un chat, un chat et une chatte… une chatte. On est donc très loin de "ceci n'est pas cune pipe" de Magritte!
Et pourtant, l'avantage d'un discours très concret et qui relève du bon sens à la mérite de faire mouche. Lorsque par rapport à la fellation, Ovidie démonte les rumeurs qui disent que le sperme est excellent pour la santé (en se demandant si les hommes ne devraient pas aussi en faire usage), elle pose la question d'une relation où la femme serait mise en position d'infériorité symbolique par rapport à l'homme ( pour autant que cette pratique ne soit pas pleinement assumée).
J'ai bien aimé une planche où un mec se vante devant une femme d'avoir essayé toutes les pratiques sexuelles possibles et inimaginables (bondage, fist, SM,...) pour lui montrer qu'il est un bon coup mais lorsqu'au moment de passer à l'action, celle-ci lui annonce qu'elle a ses règles, il fuit la queue entre les jambes...
L'homme, dans sa dimension généraliste, en prend donc pour son grade (heureusement, on n'est pas tous comme cela,... enfin... je pense!.) On pourrait reprocher à Ovidie un positionnement trop féministe mais personnellement je trouve cet ouvrage plutôt salutaire car ila le mérite de remettre les pendules à l'heure et cette position est plutôt salutaire par les temps qui courent face à un contexte de type Weinstein.