Série: Adieu monde cruel!
Auteurs: Nicolas Delestret, Stéphane Massard, Jean Rousselot
Editeur BD: Grand Angle
Une chronique BD: Génération BD
Un matin comme les autres, à l’aurore. Une voiture conduite par une jeune femme s’arrête devant la gare. Un jeune beur sort de la gare et rentre dans la voiture sans dire un mot, une troisième personne plus âgée les rejoint. Une quatrième personne un peu éméchée et sortant visiblement d’une fiesta les rejoints. Tous les quatre prennent leur gsm et les jettent dans une poubelle publique…
La voiture démarre et s’arrête dans un bois. Une personne descend de la voiture et branche un tuyau sur le pot d’échappement, mettant l’autre extrémité dans l’habitacle. On apprend alors que ces quatre personnes ne se connaissent que via internet et ont fait le projet commun de mettre fin à leur jour. La conductrice lance le moteur…
Les quatre attendent que leur dernière heure arrive mais rien ne se passe. Au contraire, ils sont confrontés à un couple de pique-niqueurs qui les envoie bouler. Nouvelle tentative un peu plus loin, nouvel échec. Pas de chance, la jeune femme a changé de voiture et celui-ci est muni d’un pot catalytique.
Après ces deux tentatives ratées, les quatre personnes vont en tenter plusieurs autres qui n’aboutiront pas mais créeront progressivement des liens entre les membres du groupe, les raisons qui ont amené chacune des personnes à décider de mettre fin à ses jour vont se dévoiler progressivement, renforçant ces liens…
Au final, il se crée une complicité qui fait que le monde paraît bien moins cruel !
C’est une histoire fort plaisante, basée pourtant sur un thème fondamentalement noir, que nous livrent Stéphane Massart et Jean Rousselot. Si le thème du suicide est gravissime et profondément perturbant pour tous ceux qui l’approchent de près ou de loin, « Adieu monde cruel « (« Bonjour monde cruel ayant déjà été pris par le défunt et talentueux Geerts) est plutôt une ode à la vie qui peut reprendre le dessus même lorsque les personnes n’y voient plus d’issue. Le fait de ne plus se sentir seul est probablement l’une des clés qui redonne le goût à la vie.
Si certains éléments peuvent paraître un peu tirés par les cheveux (le phénomène de suicide collectif est néanmoins bien réel au Japon), cette histoire doit avant tout être considérée comme une comédie légère dont le but est d’abord de divertir. Les rebondissements gags sont nombreux mais entrecoupés par des passages plus sérieux ou sincères ; le tout forme un bon cocktail bien dessiné par Nicolas Delestret. Que demander de mieux finalement ?
A noter un cahier graphique (de deux pages) vient compléter cet album bien sympathique. Si vous avez des amis aux idées suicidaires, cela vaut peut-être la peine de leur prêter ce livre. Si vous-mêmes avez des idées suicidaires, n’oubliez pas de vérifier que votre voiture n’a pas de pot catalytique !