Anita est en fait une intégrale comprenant quatre histoires : « Anita », « Allô Anita », « Anita en direct » et « Anita en couleur ».
Il s’agit en fait de quatre variations qui ne sont pas sans évoquer « Le Déclic » de Manara. Si dans « Le Déclic », il s’agissait de pousser sur un petit boitier pour provoquer l’orgasme et le plaisir chez la gente féminine, le boîtier est ici sensiblement plus grand, vu qu’il s’agit d’un écran télévisé !
Chaque fois qu’Anita allume son téléviseur, celui-ci suscite en elle le réveil de sensations et de phantasmes d’une telle ampleur que les sensations développés par le pompier le plus musclé et le plus dénudé du calendrier apparaissent comme la plus anecdotique des sensations : c’est vous dire !
A chaque tome, Anita se laisse donc emporter par son démon cathodique au point que cela en devient presque vexant pour la gente masculine (même si celle-ci se consolera par le spectacle érotique suscité par son concurrent audiovisuel). Les phantasmes d’Anita sont très variés, tout y passe : du lézard géant au joueur du foot (sans échelle de valeur !), sans compter un homme bleu (peut-être un mutant humain de Schtroumpf…).
Ce n’est pas l’arrivée de la couleur dans le troisième et quatrième tome qui va calmer ses ardeurs car Anita continuera à nous en faire voir de toutes les couleurs !
Anita est clairement une intégrale qu’il ne faut pas laisser dans toutes les mains si vous ne voulez pas vous lancer dans des cours d’éducation sexuelle prématurés !
Ceci dit, les phantasmes d’Anita, doivent également laisser rêveurs les adultes tant sa vision débridée de la sexualité peut interpeller.
De manière plus générale, on pourrait dire que Crépax est un précurseur de l’impact que peut avoir la télévision sur ses téléspectateurs (et téléspectatrices) et lorsque l’on voit des fans ses précipiter sur leur présentateur de télé favori, on n’est finalement pas si loin de la réalité, excepté la touche d’onirisme du dessinateur.
Pour résumer, je dirais que Crépax a créé une ode sexuée à l’artificialité du média (si avec une telle phrase, je ne gagne pas le Goncourt de la meilleure chronique !). Son dessin, parfois techniquement un peu désuet, garde la touche de la sensualité propre aux maîtres de l’érotisme (celle-là aussi il faut que je la note).
Lorsque l’on voit les ravages que peuvent faire la télé, on se met finalement à relativiser les déboires d’Anita . En plus, je peux vous l’avouer, j’ai essayé avec ma télécommande mais ça ne marche pas du tout ce truc là !