Série: Yakari
Auteurs: Derib, Job
Editeur BD: Le Lombard
Une chronique BD: Génération BD
En ouvrant cet ouvrage qui, dans une collection made in Lombard au format particulier et assez chic, reprend trois albums complets (Yakari et Grand aigle, Yakari et la Toison blanche et Le chêne qui parlait), il ne faut que quelques instants pour basculer totalement dans l’univers de notre gentil héros et de ses amis de la Grande prairie.
Yakari, c’est pour beaucoup d’entre nous la petite madeleine de Proust (parmi d’autres madeleines bien sûr) ; celle qui nous fait remonter le temps à la vitesse d’une flèche d’indien ou d’un jet de sarbacane, plus rapidement encore que la machine de Barabas, pour retrouver l’ambiance paisible de notre enfance insouciante. Quelques instants plongés dans l’univers de notre petit papou suffisent chez les plus grands à raccourcir les pantalons, ôter les cravates ou les talons (pas les talons d’achille rassurez-vous, mais les talons… hauts des petites filles qui ont grandi) ou encore planter une plume dans les cheveux (heu, pour autant qu’il en reste évidemment !).
Ce recueil alterne moments gentiment drôles (sans jamais fonctionner sur le système de gags montés sur ressorts) ou plus souvent émouvants, mais aussi magnifiques paysages tantôt sous la neige aux côtés de chèvres des montagnes (proches parentes des antilopes et des chamois), tantôt sous le soleil de la plaine, là aussi souvent au milieu d’animaux plus exotiques que nos chats, chiens ou poissons rouges. Outre Grand aigle qui tient à merveille sa place de second rôle dans le premier album éponyme, le lecteur fait un bout de chemin (parfois escarpé) avec Petit Tonnerre, toujours fidèle au poste, mais aussi d’autres figurants plus improbables comme les tatous ou pécaris. Vous ne connaissez pas ces derniers ? Comment vous dire ? Eh bien il s’agit de…, et puis non, je vous laisse le plaisir de faire leur connaissance. Suspense donc…
Un livre à déposer non pas sous l’aile de Grand aigle, n’ayez crainte, mais bien, pourquoi pas ?, au pied du sapin de Noël. Cette bande dessinée a non seulement des vertus de divertissement qui ont fait leurs preuves mais constitue aussi une jolie fenêtre ouverte sur la nature et sur les belles qualités humaines que sont, parmi d’autres, l’entraide, le courage et l’honnêteté, toutes chères au cœur vaillant de notre gentil Yakari. A l’heure où la vie de nos enfants et ados est le plus souvent rythmée par les jeux vidéos débiles ou les contacts aussi stériles que virtuels proposés par les réseaux, bien mal nommés, dits sociaux, ces petits récits sans prétention sont l’occasion d’un retour à une certaine normalité, de celle qui fait du bien tout simplement et donne à tout le moins un peu d’oxygène dans notre univers si… anxiogène !
Ce n’est finalement pas tant la qualité de l’intrigue qui compte le plus dans les aventures de notre petit sioux que la poésie et la fraîcheur qu’elles véhiculent au travers de dessins fabuleux, aux couleurs toujours aussi vivifiantes !
Vds