Série: Rimbaud
Auteurs: Xavier Coste
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Rimbaud est un sale gosse ou tout au moins un homme doté d’un sacré caractère ambitieux et qui sait ce qu’il veut: monter à Paris, se faire reconnaître comme poète et entrer dans le monde des grands.
Pour se faire, il n’hésite pas à fuguer de Charleville-Mézières pour monter sur Paris laissant sa mère et ses sœurs accomplir seules les travaux de la ferme (le père ayant disparu dans la nature).
Sa première fugue en 1870 va l’amener directement à la case prison car à l’époque, on ne badine pas avec un ticket de train non payé.
Sa deuxième tentative va se dérouler dans le contexte de l’invasion prussienne. Charleville est déserté et Rimbaud a venu un bijou pour payer son ticket de train. Sur place, la réalité sera moins rose. Paris est en famine et Rimbaud après avoir erré quelques jours, n’a d’autres choix que de retourner chez lui le ventre creux sous le regard désespéré de sa mère.
Pour sa troisième tentative, Rimbaud va s’y prendre autrement et envoyer ses textes à Verlaine. Celui-ci, conquis par ses talents littéraires, va inviter le jeune homme à venir chez lui. Ce n’est qu’arrivé à Paris qu’il révélera qu’il a 16 et non 18 ans comme indiqué dans son courrier.
Verlaine va être fasciné par le talent et les convictions de Rimbaud, il va présenter celui-ci à ses compagnons littéraires mais ceux-ci vont rapidement rejeter Rimbaud, eu égard au ton sarcastique et peu respectueux de ce jeune parvenu.
Malgré ce caractère insolent, Verlaine va tomber amoureux de Rimbaud au point de laisser Mathilde son épouse enceinte de lui (et sa belle-famille pas particulièrement très sympathique).
Il va alors s’en suivre une relation tumultueuse entre les deux poètes, Verlaine souffrant des sarcasmes de Rimbaud mais ne pouvant réprimer ses sentiments à son égard. Le couple va se séparer lorsque Verlaine sera enfermé pour pédérastie après s’être ruiné.
Rimbaud va se retrouver seul, il passera un moment en Afrique et retournera en France où il faudra l’amputer. Ce n’est que sur son lit de mort que Rimbaud va retisser les liens avec sa mère…
Xavier Coste a la spécialité de s’attaquer à des biographies de personnages célèbres (il avait précédemment décrit la vie d’Egon Schiele) mais aussi des personnages aux personnalités peu communes. Coste les décrit sans complaisance au point qu’on a du mal à s’attacher à ce Rimbaud tel qu’il le décrit: talentueux, certes, mais aussi prétentieux, cynique, blessant et maltraitant ses amis comme sa mère.
Si Verlaine semble vivre une passion dévorante pour Rimbaud (qui le détruit à petit feu), Rimbaud au contraire, semble vivre cette relation avec détachement, prenant même un certain plaisir à jouer avec les sentiments de son compagnon.
Ce cynisme est tellement fort que l’on se demande parfois jusqu’où Rimbaud était vraiment ce personnage ou jusqu’où Coste n’a pas voulu forcer un peu le trait.
Quoi qu’il en soit, cet album à la mérite de décrire la vie tumultueuse et finalement assez courte (Rimbaud est monté pour la première fois sur Paris à l’âge de 16 ans et est décédé alors qu’il n’avait que 37 ans) d’un personnage hors norme dont le talent sera finalement reconnu post-mortem.
NB : A lire : l’interview de Coste sur cet album sur notre site (pour éviter toute influence, je ne l’ai pas lu avant de chroniquer cet album).