En 1904, au Dakota, un groupe d’indiens est amené à figurer dans un spectacle grand public en Europe afin de divertir les européens dans un show où l’on tue les bisons.
Camargue rouge relate cet épisode de l’histoire peu connu où des indiens perdent un peu de leur âme pour tirer un substantiel bénéfice.
Outre le dépaysement perturbant, le hasard va amener cette tribu à s’installer en Camargue où ils vont bénéficier de l’accueil bienveillant d’un gardian, le marquis de Baroncelli, qui va leur permettre de profiter d’un retour à la nature.
Le choc culturel sera complet lorsque indiens, gardians et gitans vont se côtoyer mais le mélange se révélera plutôt harmonieux.
Cette histoire se double du début d’une idylle entre la jeune femme indienne, Shania, assurant la traduction et un jeune gardian nommé Mario.
Lorsque le moment viendra pour les indiens de rentrer sur leur terre, Shania devra faire un choix entre rester avec l’homme qu’elle aime et retrouver son pays d’origine.
Le premier mérite de Camargue rouge est de mettre en valeur un période de l’histoire pas très connue où les européens démontraient déjà leur grande aptitude à utiliser une population davantage pour leur exotisme que pour le respect de leur culture.
Paradoxalement, d’autres européens, des gens de la terre, amoureux de la nature et des chevaux, vont se rapprocher de cette tribu qui partage les mêmes valeurs. Camarguais, gitans et indiens vont se respecter car ils ont la même approche de la nature et le même respect pour l’autre, même si différents.
Au-delà de cette approche très riche et particulière, cette bande dessinée se révèle d’un certain classicisme tant dans son dessin que dans son scenario. La mise en récit de l’histoire n’est jamais ennuyante mais jamais non plus complètement trépidante.
J’ai personnellement pris du plaisir à retrouver la beauté des décors de Camargue (décor qui me faisait déjà rêver au temps de la patrouille des castors avant que je n’en découvre les charmes réels) et la confrontation de ces trois peuples fiers et dignes ne manque pas d’attrait.
Cette leçon positive de tolérance réciproque est finalement bienvenue en cette période où ces valeurs ont tendance à être mises de côté: une petite leçon d’humanisme de l’histoire avec un grand H, celle des hommes…