Série: Au vent mauvais
Auteurs: Rascal, Thierry Murat
Editeur BD: Futuropolis
Une chronique BD: Génération BD
Abel Mérian est un homme presque heureux. Certes, il sort à l’instant de sept ans de tôle mais il sait qu’à la sortie de prison, un magot l’attend gentiment, bien caché.
Après avoir respiré le parfum de la liberté, Abel se rend vers le lieu de la cache, une vieille usine désaffectée en banlieue. Et c’est là que tout s’écroule : à la place de la vieille usine se trouve un musée d’art contemporain. Le magot n’est plus accessible, enseveli sous quelques tonnes de bétons.
Abel ne sait plus quoi faire, il s’assied sur un banc dans ce tout nouveau musée et se trouve face à un vide lorsqu’il aperçoit un gsm à ses pieds qui se met à sonner. Une jolie voix lui explique qu’elle a perdu son portable et demande si on peut le lui envoyer par la poste chez elle, en Italie.
Parce qu’il n’a rien d’autre à faire, Abel se dit qu’il pourrait donner un visage à cette jolie voix et décide d’aller rapporter le portable chez la demoiselle.
Il vole une voiture pour entamer son périple et se fait un copain au passage : le chien du propriétaire du véhicule. Son copain ne fera pas longue route, trop âgé…
Ensuite, Abel va prendre en stop un jeune garçon nommé Kévin, un gosse tout aussi paumé que lui, en fugue. Abel va lui faire découvrir la mer et l’amour en la personne d’une jolie donzelle. Abel va les laisser là tous les deux et continuer son périple.
Pendant toutes cette longue route, Abel prend un malin plaisir à lire et répondre aux sms qui son envoyés sur le portable de son inconnue italienne. Il rembarre un mec qui s’excuse de l’avoir plaquée, explique à une copine que son moral va mieux après s’être fait larguer,…
Néanmoins, les sms se font rares et lorsqu’Abel arrive enfin à l’adresse de la belle inconnue, il se retrouve à nouveau devant le néant…
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C’est effectivement un vent mauvais qui souffle sur la vie d’Abel : perte de son magot, de son copain le chien,… Le personnage de repris de justice est bien typé, il y a une part d’humanité en lui mais aussi de rapport aux lois et à la propriété privée qui lui sont bien personnels. Cela ne l’empêche pas de se prendre d’affection d’abord pour un clebs et ensuite pour un môme aussi égaré que lui. Une citation est fort justement reprise en début d’album : « La vie est la farce à mener pas tous » (Arthur Rimbaud).
La farce n’est pas très plaisante pour Abel Mérian et le scénario tout en finesse de Rascal fait écho aux couleurs jamais très claires mais toutes en nuances de Thierry Murat. C’est une road-story qui a du fond et qui nous fait comprendre les désarrois du personnage principal. On finit par avoir de l’empathie pour ce pauvre type qui vient de passer sept années de prison pour rien.
Une très belle histoire donc et pour moi un coup de cœur pour cette bande dessinée d’ambiance au scénario travaillé (lorsqu’on le relit, on se rend compte que certains détails n’étaient pas si anodins) et très imaginatif.
On espère chaque fois un happy end mais le vent est vraiment mauvais…
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