Série: Wayne Shelton #11
Auteurs: Jean Van Hamme, Christian Denayer, Bertrand Denoulet
Editeur BD: Dargaud
Une chronique BD: Génération BD
Wayne Shelton a l’art de collectionner les ennuis. En vacances en Argentine avec Honesty, il se fait arrêter pour avoir eu des relations sexuelles quarante ans plus tôt avec Pilar, la fille d’un sénateur fédéral décédé, qui était alors âgée de 20 ans.
Wayne a beau leur dire que la fille était consentante, la prescription n’existe pas en Argentine et vaut à l’intéressé 30 ans de prison.
Après avoir payé la bagatelle de 3,5 millions de dollars de caution, Wayne est libéré. Il est alors contacté par Pilar qui lui propose de retirer sa plainte, moyennant un petit service : retrouver un padre, détenteur d’un billet gagnant de la loterie qui s’est enfui alors que cet argent pourrait faire le bonheur des pauvres locaux.
Comme rien n’est simple dans ce bas-monde, les desseins de Pilar sont nettement moins désintéressés qu’ils n’en ont l’air et Wayne Shelton ne s’en sortira pas sans laisser quelques plumes…
Je suis personnellement un fan de Christian Denayer et de Jean Van Hamme. Malgré les débuts graphiques un peu hésitants du premier (je possède chez moi l’intégrale des Casseurs) qui se sont bien affirmés et la longue série des scénarios particulièrement bien foutus du second (Thorgal, Largo Winch, XII, pour ne pas les citer), je dois avouer avoir été un peu déçu.
Décu par la couverture tout d’abord. Dargaud semble avoir fait l’abandon de la mise en page des Wayne Shelton précédents. Outre le fait que cela embête toujours le fan qui achète ses bandes dessinées, tome par tome et voit sa série changer de look du tome 10 au tome 11, j’avoue ne pas être convaincu ni par l’habillage, ni par le dessin de la couverture qui relève plutôt de l’esquisse que du dessin précis auxquels nous avaient habitués les tomes précédents. C’est peut-être subjectif mais ce manque de précision dans le dessin m’a semblé se poursuivre (dans une moindre mesure) dans l’album. Comme si Denayer n’avait pas eu le temps de fignoler ses planches…
La deuxième déception concerne le scénario. Jean Van Hamme avait à coeur de ciseler ses scénarios au point que les histoires de Wayne Shelton se déroulaient souvent en deux tomes mais ici, le concentré d’une histoire en un tome, donne un goût de trop peu ou tout au moins un goût de « pas assez fini ». Le coup de la petite vieille pauvre qui gagne au lotto n’est pas trop crédible et le personnage de Pilar qui porte plainte après tant d’années alors qu’à priori elle était plutôt consentante au moment des faits ne renforcent pas ce sentiment de réalisme de la part du scénariste (alors que celui-ci nous a déjà fait gober d’autres histoires plus extravagantes dans le passé, mais mieux « habillées »).
Comme fan de Denayer et de Van Hamme, je ne peux cependant garder une optique complètement négative : l’histoire reste plaisante à lire, la couverture ne reflète pas tous les dessins des planches intérieures et Honesty reste Honesty… L’idée de mettre Wayne Shelton en soutane était sympa en soi mais restait un peu courte pour en faire le piment de tout un album.
On dira que ce Wayne Shelton est le tome d’une pause qui ne fera que grandir dans les tomes suivants. Denayer et Van Hamme sont capables de faire bien mieux que cela, ils l’ont prouvé dans les dix tomes précédents. Vivement le tome 12 et pourquoi pas le XIII, cela rappellera des souvenirs à un certain scénariste !