Présentation des albums
1946, au cœur des Ardennes, une mère se meurt et elle a un dernier souhait, celui de retrouver ses trois fils réunis autour d'elle pour un dernier au revoir. Mais Charles, l’aîné de la fratrie, disparu dans la tourmente de la guerre, manque à l'appel. Est-il encore vivant ? De par son engagement politique auprès des fascistes, Charles fait figure de traître et c'est de mauvaise grâce qu'André, le communiste, encouragé par son frère invalide, René, va partir sur les traces de son grand frère. André va mener son enquête à partir d'une ancienne photo reçue lors d'une visite à une ancienne connaissance de Charles en prison. Ses recherches le conduiront jusqu'à Bruxelles où il sera amené à côtoyer les truands du coin et autres ex-collabos. Il y découvre un monde peu recommandable et s'enfonce chaque jour un peu plus dans les sombres méandres de la collaboration avec la découverte de l'existence de réseaux d'exfiltration d'anciens criminels de guerre nazis. Pris au piège de cet infernal engrenage, André sera victime à répétition de nombreux tabassages en règles par la pègre et les flics car ils le croient détenteur de renseignements utiles aux uns pour étendre le "business" des réseaux et aux autres pour y mettre fin.
L'avis de Gladys
Dans ce diptyque O.D.E.SS.A, le scénariste Michel Dufranne, a choisi de placer son récit dans le contexte politique trouble de l'après-guerre, les années 1946-48 marquées par l'existence de réseaux secrets d'exfiltration d'anciens nazis et de collaborateurs vers des lieux plus cléments comme l'Amérique du Sud. Il aborde aussi la nature des liens familiaux au travers d'un conflit d'idéaux politiques qui oppose les deux frères : André, le résistant communiste et Charles, le collaborateur, militant d'une organisation alliée des nazis.
Après lecture, petit regret, le réseau O.D.E.SS.A est juste évoqué par moments dans le second volume or avec un tel titre je pensais que l'auteur nous en raconterait un peu plus. Tout au plus on découvre en toute fin d’album le chemin effectué par ces fuyards pour quitter le pays au travers de ce même voyage réalisé par André pour revoir son frère exilé en Argentine. L'accent de l'album est surtout mis sur la nature des liens qui unissent associations de malfaiteurs, flics véreux, opportunistes et espions en tous genres. Tous ont à voir de près ou de loin avec ces réseaux, que ce soit pour les débusquer, les protéger ou y participer dans le cadre d'affaires louches. Le pauvre André aura fort à faire pour retrouver la trace de son frère dans ce nœud de vipères. Je reste aussi un peu sur ma faim suite à la fin proposée par le scénariste : quid de la mère mourante en début du premier tome?
Les deux tomes d'O.D.E.SS.A sont pour le dessinateur Serbe, Peka, sa première incursion dans la bande dessinée et c'est donc avec bienveillance qu'on lui pardonnera les petites imperfections de proportions qui subsistent çà et là dans ses planches. Hormis ce détail, le dessin classique de bonne facture assure une lecture agréable des albums.
Les deux volumes publiés simultanément assurent une continuité immédiate du récit.