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Décès d'André Leborgne
ANDRE LEBORGNE, Une longue et exemplaire carrière au service du neuvième Art
André Leborgne naît à Schaerbeek le 30 janvier 1928. Après une scolarité normale, diplômes en main, il fait son service militaire et connaît les années de guerre avec leur cortège de privations, de sacrifices et de souffrances. A la Libération, il entre à l'usine « Union de Forest » où il aborde le monde de la métallurgie, il y restera 25 années, gravissant divers échelons dans la hiérarchie du travail et bénéficiant des riches enseignements vécus, enseignements qui lui seront utiles dans la suite d'une carrière bien remplie au service de la diffusion des idées et des loisirs.Il crée alors les ateliers Leborgne, ateliers spécialisés dans la décoration et le montage de stands toujours présents lors des célèbres et inoubliables « Foires du Livre de Bruxelles » se déroulant à l'espace « Rogier ».Son expérience et sa science du travail performant et efficace feront merveille lors des salons d'Anvers, de Francfort, lieu important où il sera récompensé du prix fort envié de « plus beau stand ».
Un début de vie consacré au travail précis et à la compétence ne l'empêche pas d'assouvir ses multiples passions principalement axées dans les domaines des cultures populaires telles que la littérature de science-fiction, le fantastique et leurs dérivés au niveau tant du cinéma que de la Bande Dessinée. C'est ainsi qu'il lit dans le très réputé et célèbre mensuel « FICTION » N°92, daté de juillet 1961, dans sa chronique littéraire, un excellent article de Pierre Strinati, intitulé « Bandes Dessinées et science-fiction. L'âge d'or en France 1934-1940 ». Cette étude va être le tremplin nécessaire à la naissance des premiers clubs d'amateurs éclairés de littérature dessinée. L'ami André en sera . Dès lors sa voie, une voie royale, est tracée : il lance dès 1965 le « C.A.B.D », Cercle des Amis des Bandes Dessinées, dont la liste des membres compte de sérieuses et célèbres personnalités tant dans le domaine du neuvième Art que celui des arts populaires. Signalons parmi ses membres : Greg, le célèbre créateur d'Achile Talon, scénariste et dessinateur réputé, Morris, l'inoubliable papa de Lucky Luke, Pierre Culliford le génial géniteur de Johan et Pirlouit, des Schtroumpfs, de B.Brisefer et de tant d'autres, André Franquin, fabuleux dessinateur du Marsupilami, des aventures de Spirou et de Gaston, Will, célèbre repreneur de Tif et Tondu et père de la délicieuse Isabelle, Jean Roba maître du « Family Strip » avec Boule et Bill, Tibet , roi du polar et de l'humour avec Ric Hochet et Chick Bill, Maurice Tillieux, prince du calembour, inoubliable créateur de Félix, Bob Bang et Gill Jourdan, mais aussi Yvan Delporte et Thierry Martens, tous deux scénaristes, mémoires vivantes de la BD belge et anciens rédac.chef de SPIROU. Sans oublier de sérieux spécialistes et connaisseurs de la presse pour enfants et adolescents en la personne de D.Delaet, Alain Van Passen, Pierre Vankeer , Jacques Van Herp, aussi sommité dans les domaines des littératures tant populaires que de S.-F. ainsi qu'Urbain Van Cauwenbergh spécialiste du film d'animation.
Il s'entoure ainsi de redoutables pointures et donne naissance à la mythique revue d'études « RAN TAN PLAN » nom emprunté au chien le plus bête de l'Ouest américain, animal dessiné plus vite que son ombre par Morris l'illustre créateur de Lucky Luke. Au départ bulletin ronéotypé au niveau des 4 premiers numéros, il devient vite trimestriel.Tribune destinée à informer les multiples membres tant belges qu'étrangers (membres du CELEG (France), du GELD (Suisse), du CEEG (Espagne) sans oublier les amis italiens créateurs du célèbre festival de Lucca ) des activités telles qu'assemblées plénières, à raconter la chronique de l'Âge d'Or sous la plume très inspirée de P.Van Keer, à informer sur le plan de divers projets de rééditions d'albums introuvables mais aussi et surtout de bourses d'échanges outil indispensable pour compléter les collections, mais également approche bibliographique d'un auteur ou interview d'un créateur et actualité, encore très rare, dans ce domaine encore peu connu et souvent méprisé.Dès le N°5 et jusqu'au N°9, changement de format, celui-ci est plus petit et oscille de 25x17 à 21x15cm, la pagination court de 16 à 32 pages, la mise en page et la qualité du papier progressent, la priorité est donnée à l'illustration.Les chroniques s'amplifient et le comité de rédaction se met en place.
1968, troisième année de parution voit un nouveau changement, la pagination augmente considérablement elle variera de 58 à 102 pages, désormais devenu semi-professionnel, le trimestriel peut rivaliser avec « PHENIX », troisième revue du genre, revue française portée par C.Moliterni, P.Couperie, E.François et H.Filippini. Historiquement, l'enfant d'André est le second en ordre d'apparition juste après le célèbre « GIFF-WIFF » , ce qui signifie la première revue belge d'études sur le sujet ! Coup de chapeau !
Le contenu s'étoffe, l'on garde la ligne éditoriale de départ et l'on ajoute de nouvelles rubriques comme l'interview d'un auteur qui commence à percer ou que l'on découvre (Hermann, Guido Crepax, Berck & Daniël,Loro, Frank Frazetta, Jean-Claude Mézières, Claire Bretecher), l'étude d'un illustré (Le journal Tintin, et Spirou, le Soir Jeunesse), l'actualité des comics américains, la réédition de trésors historiques de la science-fiction, devenus introuvables (Les conquérants de l'Avenir, les grandes aventures de Brick Bradford, La lumière pourpre une aventure de Connie par F.Goodwin), l'étude en profondeur d'auteurs ou thématiques peu connus (Jean Ray, la S-F et la B.D. par J.Van Herp, Les héroïnes de papier par Claude Soulard, Rêves, délires et conscience...dans l'oeuvre d'Hergé par F.Groux), les référendums, l'étude de journaux disparus (Le journal de Toto, Le journal de Mickey, Coq Hardi), la rédaction de souvenirs (ceux de Marijac, à propos de Cino Del Duca),l'historique de la presse étrangère ou de ses séries peu connues (L'école hollandaise, comics made in England par G.Coune), l'étude en profondeur d'une famille de personnages au travers d'une série (Le petit monde de Spirou par A.Leborgne), les témoignages relatifs aux festivals étrangers.
Nous sommes en 1971, la revue a désormais statut de publication professionnelle.
Les célèbres prix Saint-Michel attribués dès cette année feront l'objet de reportages aux photos multiples et plus que souriantes. Une nouvelle recrue de choix, Louis Teller, étudiera, au fil de nombreux numéros, le journal phare des éditions du Lombard Tintinavec une précision maniaque et encyclopédique.
Les axes de recherche se poursuivent, les lecteurs de plus en plus nombreux sont plus que satisfaits. Un panorama des études les plus étoffées montre la fécondité de ce magazine renommé et plus qu'apprécié hors de nos frontières.Signalons, outres les rubriques habituelles déjà citées, les plus prestigieuses : au n°21 , l'interview de Mulatier et Ricord, caricaturistes de renom, la découverte du dessinateur italien Bonvi , auteur des inénarrables Sturmtruppen, l'étude de l'oeuvre du dessinateur français Pierre Forget, célèbre pour sa série gravitant autour de Thierry de Royaumont.Un n°22 entièrement consacré à l'étude de l'oeuvre de Morris.Les riches carrières de William Vance et Roger Lécureux évoquées au n°23. La découverte de l'humoriste italien Jacovitti et l'analyse de l'oeuvre d'un maître de la S.-F. dessinée,R.Poïvet enrichissent le n°24. Une remarquable étude sur les plagiats, signée P.Pascal et F. Pierre, surprend autant qu'une longue discussion à bâtons rompus avec Tibet et son scénariste A.-P.Duchâteau suivie d'une étude des signatures d'André Franquin par votre serviteur font du n°25 un numéro parfait.Le n° suivant aborde l'oeuvre du fameux dessinateur animalier Raymond Macherot, André comme à son habitude pose les questions les plus pertinentes, début d'une intéressante étude sur l'automobile et la BD par A. Van Den Abeele, mais aussi découverte de l'oeuvre inquiétante de Richard Corben et redécouverte de la carrière de Cazenave, dessinateur français quelque peu oublié ainsi qu'un hommage à F.Craenhals traduit par la reproduction intégrale du Domaine de Druka publié dans le Soir Illustré en 1948.
Au n°27, Thierry Martens, Monsieur Archive des éditions Dupuis , analyse avec la finesse et la compétence qu'on lui connaît l'épopée dessinée de Jean des Flandres, héros emblématique des défunts « Héroïcs-Albums » , deux interviews étudient les personnalités de Guido Buzelli, maître du fantastique italien et d'Hermann dénonçant certaines idées reçues !
Mais que fait notre homme, titan du travail ? Non content d'alimenter de son expérience et de son savoir , les plus prestigieuses Foires du Livre, il s'associe avec Tania Van de Zande , dynamique et brillante animatrice et propriétaire de la librairie spécialisée en petits Mickeys : « Pepperland » , à l'aube des années 70' pour créer une structure de diffusion baptisée « Distri BD », structure géniale qui permettra la diffusion dans notre pays d'une légion de merveilles graphiques.,
Aprés DISTRI BD il lancera une structure de distributions des grand auteurs érotiques telle que MANARA, SERPIERI,VARENNE etc...
A la chute de sa société il restera toujours actif dans le domaine de la BD et lorsque l'asbl 9éme. Art lancera le festival de la BD de Bruxelles-Capitale, il leur demandera de pérenniser les PRIX SAINT-MICHEL de la BD; Ce qui continue d'être fait depuis déja 10 ans.
Noella Leborgne